LA GENÈVE INTERNATIONALE & LES ELECTIONS D’OCTOBRE-NOVEMBRE 2013
Le cas Syrie
Le mois de septembre 2013, les chefs des diplomaties américaine et russe, John Kerry et Serguï Lavrov, se sont retrouvés à Genève durant 3 jours pour trouver un accord sur la destruction de l’arsenal chimique syrien.
A cette occasion, les caméras et microphones du monde entier se sont tournés vers Genève. Le nom de Genève a résonné partout, des images de la ville et des reportages sur elle ont nourri les télévisions, les journaux et internet.
Et comme cela fait du bien à la Suisse tout entière, malmenée ces temps sur le plan international, à l’image ternie par les accusations de paradis fiscal profiteur et égoïste, de receleur de l’argent plus ou moins propre de toutes provenances!
Cela faisait longtemps que Genève n’avait plus occupé de façon aussi intense et positive l’avant-scène internationale. En effet, la dernière fois que Genève avait obtenu un si grand premier rôle remonte à 1985, date de la rencontre Reagan – Gorbatchev. Depuis cette date, la Genève internationale n’était certes pas morte, mais somnolait, jouant les seconds rôles, ou même celui de figurant.
Il faut donc saluer ici les efforts et le succès de la diplomatie suisse, sous la conduite de Didier Burkhalter. Micheline Calmy-Rey, qui l’a précédé à la tête du Département des Affaires étrangères, travaillait aussi dans cette ligne. En effet, il n’y a pas d’automatisme pour obtenir les premiers rôles sur la scène internationale, et de nombreux pays et villes sont en compétition avec la Suisse et Genève, et offrent leur hospitalité et services pour aider à résoudre les contentieux et crises, ou organiser la coexistence des nations sur la planète
Il faut donc se battre, mais se battre ne suffit pas. Se présenter sous son meilleur jour, mettre en avant la meilleure des plates-formes ne suffisent pas. Il y a une condition sine qua non qui doit être respectée: il ne faut pas prendre position pour l’une ou l’autre des parties. Il est impérieux de rester à égale distance des parties en conflit ou en désaccord, si l’on veut voir ses bons offices acceptés de tous. Et la Suisse a, dans le cas syrien, rempli à satisfaction cette condition.
Le cas Turquie-Arménie
Il y a, sur le plan international, un autre différend majeur dans la résolution duquel la Suisse a déjà beaucoup œuvré et où Genève peut jouer à nouveau le premier rôle: c’est celui qui oppose la Turquie et l’Arménie. Ce différend concerne les événements qui se sont déroulés en 1915 dans l’Empire ottoman et se cristallise autour du terme de « génocide » que revendiquent les Arméniens et que réfutent les Turcs ainsi que la grande majorité des historiens spécialisés de l’Empire ottoman.
Ce passé, même s’il remonte à un siècle, empoisonne aujourd’hui les relations entre les deux pays et crée des tensions néfastes et dangereuses.
Un grand espoir est né en octobre 2009, lorsque, grâce aux efforts de médiation de la Suisse, ont été signés les Protocoles de Zurich, en présence des ministres des Affaires étrangères Mmes Calmy-Rey et Clinton, et MM Kouchner et Lavrov d’une part, et ceux de Turquie et d’Arménie, d’autre part.
Ces protocoles que notre Fédération a soutenu dès la première heure constituent une feuille de route et permettront à la Turquie d’ouvrir sa frontière avec son voisin arménien, soulageant l’étouffement économique de celui-ci. Ils permettront également la création d’une commission d’historiens pour un examen scientifique impartial des données historiques et des archives concernant les deux pays, et amener un éclairage historique et non plus mémoriel sur les événements de 1915.
La nécessité d’être neutre
On peut espérer que le climat de détente et de paix que créent ces protocoles profitera également aux relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, et favorisera une solution où l’Azerbaïdjan retrouvera son intégrité territoriale, permettant ainsi à des centaines de milliers de réfugiés azéris arrachés à leurs terres de revenir dans leurs villes et villages.
Alors que la Berne fédérale poursuit, dans le cadre des Protocoles de Zurich, ses efforts de médiation entre la Turquie et l’Arménie, Genève pourrait, comme dans le cas syrien, briller de tous ses feux en offrant son cadre et ses bons offices aux deux pays.
Mais pour que Genève soit acceptée par les 2 parties, elle ne doit prendre position ni pour l’une, ni pour l’autre. Dans ce contexte, le projet d’édifier un « monument au génocide arménien » sur le territoire genevois, et particulièrement dans le Parc de l’Ariana, est non seulement malheureux, mais constituerait une erreur grave.
Pour revenir à la crise syrienne, est-ce que Genève serait un cadre acceptable pour la recherche de solutions, est-ce qu’une conférence internationale y serait possible si l’on dressait sur son sol un monument qui honorerait l’une des parties tout en vouant aux gémonies l’autre partie concernée (ou: au détriment de l’autre)?
Le Parc de l’Ariana, situé à deux pas de l’ONU, deviendrait, avec ce monument, une vitrine d’exposition et de propagande servant la cause d’une des parties. Le mémorial qu’il abriterait deviendrait ainsi un merveilleux outil de propagande mondiale, sur un site fréquenté par les touristes de tous les pays, avec les Nations Unies ou la Croix-Rouge en arrière-fond.
L’ONU, qui a l’Ariana sous ses fenêtres, serait elle-même mise en difficulté. En effet cette organisation doit être neutre: c’est la condition première de son bon fonctionnement. Il est souhaitable que l’ONU soit accueillie dans un pays pareillement neutre, où les délégations de tous les Etats membres puissent se sentir à l’aise. Est-ce que cette condition est encore remplie si la Ville-hôte tranche des questions controversées et va narguer l’ONU en plaçant sous son nez la preuve tangible qu’elle a d’ores et déjà pris parti? Et la Direction générale de l’ONU n’a pas manqué de signifier au Conseiller administratif Sami Kanaan sa désapprobation quant à ce projet.
En outre, le monument envisagé serait en porte-à-faux avec la Convention des Nations Unies pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, qui définit le mot de génocide et qui ne saurait être appliqué pour les événements de 1915. L’ONU et les pays signataires verraient d’un très mauvais œil cette convention être bafouée par la présence de ce monument dans le Parc de l’Ariana.
Il va sans dire qu’un tel mémorial, qui stigmatise toute une composante de la population genevoise, porterait atteinte non seulement à la Genève internationale et à sa vocation de « ville de paix », mais également aux intérêts supérieurs de la Suisse.
Les élections et la réponse des candidats à notre questionnaire
Les nouveaux Conseil d’Etat et Grand Conseil qui sortiront des urnes lors des prochaines élections (6 octobre et 10 novembre 2013) auront une responsabilité déterminante pour l’avenir de la Genève internationale. De par la nouvelle Constitution, un rôle prépondérant incombera au Conseil d’Etat. Ses décisions concerneront aussi la Suisse et les pays du monde, vu le statut international de Genève, avec sur son territoire le siège des Nations Unies.
Pour contribuer au débat et nourrir vos réflexions, nous avons interrogé les candidats autour de cette problématique. Nous les avons priés de nous transmettre, dans la mesure du possible vu leur emploi du temps surchargé, leurs réponses par écrit.
Nous publions celles qui nous sont parvenues (voir ci-dessous), et en complément aux considérations précédemment développées dans notre Newsletter N° 20, vous trouverez dans notre Newsletter N° 21 nos suggestions de vote qui vous aideront dans votre réflexion pour le deuxième tour de l’élection au Conseil d’Etat du 10 novembre 2013.
A vous de tenir compte des positions des uns et des autres au moment de déposer votre bulletin dans l’urne …
- Alexis Roussel – Parti Pirate genevois
- Antonio Hodgers – Parti Les Verts
- Mauro Poggia – Mouvement Citoyens Genevois
- Anne Emery-Torracinta – Parti socialiste genevois
- Eric Stauffer – Mouvement Citoyens Genevois
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