Chers compatriotes et chers amis de la Turquie,
A de multiples occasions, nous nous sommes efforcés de vous informer sur le projet de “mémorial au génocide arménien” à Genève.
Pour rappel, suite à un lobbying intense de certains milieux arméniens, pilotés par le Conseiller municipal d’origine arménienne Stefan Kristensen et le Conseiller administratif Patrice Mugny, notoirement connu pour ses positions antiturques, le Conseil municipal de la Ville de Genève décidait en 2008 la réalisation d’un “monument à la mémoire commune des Genevois et des Arméniens”.
Au fil du temps toutefois, le voile allait rapidement tomber et sous cette dénomination aux allures humanistes – sur laquelle par ailleurs il y a beaucoup à dire, voir par exemple le document d’expertise en contre-argumentation à la Motion M-759 – est apparu un envahissant “mémorial au génocide arménien”, surprenant beaucoup de Conseillers municipaux, qui pensaient avoir voté pour la pose d’une stèle ou d’une statue.
Le projet actuel, financé à hauteur de 100’000 CHF par la Ville de Genève (c’est à dire par le contribuable genevois) et de 400’000 CHF par des donateurs arméniens, est issu d’un concours fermé, où des artistes majoritairement arméniens se sont présentés devant un jury majoritairement arménien lui-aussi.
Notre Fédération, créée en 2007, s’est saisie de cette problématique alors que celle-ci avait déjà bien pris forme, et que notre communauté était restée silencieuse. A la décharge de celle-ci, il faut préciser que le projet a été mené essentiellement en eaux souterraines, ne remontant à la surface que si nécessaire.
Le “mémorial au génocide arménien” devait être implanté sur le Bastion de Saint-Antoine, lieu prestigieux en Vielle-Ville de Genève. Nous nous sommes opposés avec force à cette construction. Nous ne revenons pas ici aux multiples épisodes du véritable jeu du chat et de la souris auquel il a fallu se livrer avec le Conseil administratif, le Fond municipal d’art contemporain (FMAC), etc.
La vive opposition citoyenne des Genevois ayant entraîné l’abandon du Bastion de Saint-Antoine pour l’édification de ce “mémorial”, c’est maintenant le Parc de l’Ariana, sous les fenêtres des Nations Unies, qui est l’objet de la convoitise du lobby arménien, maître d’œuvre de ce néfaste projet. En effet, il s’agit pour ceux-ci de trouver non pas un lieu propice au recueillement, mais une vitrine de prestige pour leur propagande.
Le 7 mai 2013, nous avons écrit au Conseil administratif pour être auditionnés afin de faire part de notre point de vue et de nos préoccupations. Sans réponse durant des mois, nous avons réécrit le 17 septembre 2013. Et nous avons fini par recevoir une réponse le 8 octobre et avons été auditionnés par une délégation du Conseil administratif le 6 novembre 2013.
Or nous apprenons par l’Hebdo –information confirmée dans l’interview au Téléjournal du 15 novembre 2013 de Sami Kanaan, Conseiller administratif responsable du dossier- que le Conseil administratif avait déjà pris sa décision d’ériger le mémorial dans le Parc de l’Ariana et transmis la demande d’autorisation de construction au canton au début du mois de novembre, c’est-à-dire avant de nous auditionner le 6 novembre pour prendre notre avis! C’est à tomber des nues! De qui se moque-t-on!
On nous reçoit donc quand il n’y a plus rien à décider, que les dés sont jetés, histoire probablement de constituer un alibi pour pouvoir dire que l’on a aussi écouté les représentants turcs.
Il faut rappeler ici que, dès la genèse du projet, à aucun moment le Conseil municipal, et ensuite le Conseil administratif n’ont jugé bon de consulter la communauté genevoise d’origine turque, ce qui est un déni de démocratie indigne de notre pays. Ce manque total d’empathie à notre égard et cette attitude partisane qui semblent persister encore aujourd’hui au niveau du Conseil administratif nous choquent et sont ressentis par les Suisses d’origine turque comme une violence à leur égard.
Par contre, durant tout ce processus, de multiples rencontres ont eu lieu entre les représentants de la Ville et les porteurs du projet arméniens, et même avec l’Arménie officielle, en la personne de son ambassadeur.
Il y a là une grave question de démocratie. Posons ouvertement la question: y a-t-il des citoyens et contribuables de seconde zone dans ce canton?
Les propos lénifiants adressés aux citoyens d’origine turque par Sami Kanaan, comme “il s’agit d’une œuvre humaniste”, “le thème, c’est l’exil”, “le monument n’est pas contre les Turcs”, “ce n’est pas un monument pour le génocide arménien, mais pour tous les génocides”, etc. nous sont insupportables, car, à la stigmatisation, ils ajoutent l’insulte à notre intelligence. N’en déplaise à Sami Kanaan, il s’agit bel et bien d’un “mémorial au génocide arménien”, comme le décrivent bien les sites internet des militants arméniens, et où prendront place toutes sortes de commémorations et manifestations.
L’ONU, notamment en la personne de Kassym-Jomart Tokayev, Directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève, s’oppose à la l’édification de ce mémorial.
Cependant, le départ soudain de M. Tokayev constitue probablement une fenêtre d’opportunité pour Sami Kanaan, qui vient d’adresser une demande d’autorisation d’installation du mémorial dans le Parc de l’Ariana, refilant ainsi la “patate chaude” Conseil d’Etat.
Nous vous enjoignons à utiliser tous les moyens démocratiques à votre disposition pour vous opposer à ce funeste mémorial de la mémoire sélective, qui stigmatise toute une composante de la société et déstabilise la paix sociale, qui menace la Genève internationale et les intérêts de la Suisse, au moment où celle-ci vient de proposer à la Turquie un partenariat stratégique.
Interpellez nos autorités et nos élus, alertez les médias et les responsables politiques, économiques.
Défendez vos droits, exigez la justice!