
Les élections cantonales vaudoises 2017 se dérouleront:
● le 30 avril 2017: élection du Grand Conseil et élection du Conseil d’Etat (1er tour)
● le 21 mai 2017: élection du Conseil d’Etat (2ème tour)
A l’heure de voter, vous avez été nombreux à nous solliciter pour obtenir plus d’éclaircissements sur des problématiques spécifiques aux Turcs de Suisse.
En effet, par-delà les clivages politiques qui peuvent exister entre ses membres, notre communauté est traversée par des préoccupations convergentes.
Dans le but d’obtenir l’éclairage souhaité, nous avons soumis aux partis se présentant à l’élection au Grand Conseil un questionnaire en cinq points sur des sujets qui nous préoccupent au plus haut point. Nous proposons ici de vous transmettre les réponses que nous avons reçues à notre questionnaire.
Nous commençons avec les réponses reçues des Libéraux–Radicaux Vaud (PLR VD) :
“Elections cantonales 2017 – les Vaudois d’origine turque vous questionnent”
Question 1
On constate que nombre de jeunes issus de l’immigration subissent une discrimination lors de la recherche d’une place d’apprentissage ou lors de l’embauche, notamment de par leur nom à consonance typiquement étrangère.
Que proposez-vous pour lutter contre ce type de discrimination en particulier ou contre toute autre forme de ségrégation sociale ?
Réponse 1
C’est une question de société, qui ne peut se résoudre que si les mentalités changent. Comme le dit le dicton « vous ne faites pas boire un âne qui n’a pas soif », mais vous pouvez aider à déconstruire les préjugés et rendre cet âne moins butté.
L’école, mais aussi l’éducation familiale ont ici un rôle clé à jouer. Dès le plus jeune âge, les enfants doivent être formés à s’ouvrir aux “différences” et apprendre à connaître les autres cultures.
La discrimination nait des préjugés négatifs, qui se construisent et se mobilisent face à l’inconnu. Car face à l’inconnu, nous mobilisons ce que nous avons, nos préjugés, pour construire une sorte de “réalité.” (qui n’est que relative). Or, souvent, ces préjugés sont négatifs (l’inconnu fonde la peur et la peur le rejet). C’est là que la société, l’école mais surtout le milieu familial, entrent en jeu. Ils doivent donner les clés pour connaître l’autre, apporter les connaissances. Voilà une partie de la solution pour lutter contre les ségrégations sociales. Intervenir dans les entreprises serait en outre très bureaucratique.
Question 2
L’avenir appartenant aux jeunes, avez-vous des solutions pour favoriser leur engagement dans la vie politique et citoyenne, notamment pour le cas de ceux issus de l’immigration ?
Réponse 2
La vie politique suisse, en grande partie de milice, offre de nombreuses possibilités d’action à quiconque souhaite s’investir pour sa commune, son canton ou son pays. Le PLR ouvre grand sa porte à toutes personnes intéressées. Autour d’un café, sur un stand, par téléphone, chacun qui souhaite s’investir ou mieux connaître notre parti est le bienvenu. Le PLR ne ferme pas la porte aux immigrés, qu’ils possèdent ou pas la naturalisation. Les activités au sein d’un parti sont si diversifiées, que chacun peut y trouver sa place. Le PLR entend mettre sur pieds, dès cet été, un programme de sensibilisation pour les étrangers qui peuvent voter au niveau communal, pour les encourager à utiliser leur droit de vote. Pour plus d’information sur ce programme, vous pourrez contacter l.jobin@plr-vd.ch .
Autrement, le PLR soutient le travail d’Easyvote, qui vise à rendre le discours politique accessible, notamment aux jeunes. A Lausanne, le PLR a déposé une intervention pour que la Municipalité participer au projet et distribue à tous les jeunes votants leur fascicule.
L’implication des jeunes en politique, notamment lors des votations et des élections, est aussi un enjeu quotidien qui concerne tous les jeunes, immigrés ou non. Le taux d’abstention chez les jeunes est trop élevé. A nouveau, l’éducation civique dans les écoles pourrait être renforcée. Le rôle des parents est aussi à mettre en avant : ils doivent motiver leurs enfants à voter.
Question 3
Pour illustrer un problème récurrent de ces dernières années, et qui est lié à la sécurité publique, nous rappelons la manifestation, dûment autorisée, organisée en date du 12 septembre 2015 par des associations turques de Suisse, ayant pour thème la condamnation du terrorisme et l’appel à la paix, qui a eu lieu à la Helvetiaplatz à Berne.
Alors que cette manifestation se déroulait de façon festive et pacifique, avec la participation de familles et d’enfants, des appels à perturber violemment cette manifestation ont été lancés sur les réseaux sociaux par des éléments liés au groupe terroriste PKK.
Cette contre-manifestation non-autorisée a donné lieu à des scènes d’une extrême violence, les militants du PKK molestant sans distinction les manifestants pacifiques et les passants, blessant grièvement plusieurs personnes, dont des enfants. La police, totalement débordée, a été également prise à partie par le PKK et dénombre aussi des blessés dans ses rangs. Jusqu’à tard dans la soirée, les activistes du PKK, armés de barres de fer, de pierres et de moyens pyrotechniques, ont semé la désolation dans le centre-ville de Berne, s’en prenant entre autres au mobilier urbain et au siège de la police cantonale.
Ce genre d’incidents à caractère raciste ayant déjà eu lieu dans le passé, s’ajoute à la pratique du racket, de la dîme de guerre, du trafic de drogue, de la traite d’êtres humains, et ne saurait être toléré, selon nous, sur le territoire suisse.
Dès lors, et sachant que Lausanne est un des foyers de la menace que représente le PKK, que pensez-vous que l’on puisse faire pour assurer la sécurité des personnes, et notamment celle des vaudois d’origine turque en face d’une telle organisation ?
Par ailleurs, dans son rapport “Switzerland’s Security 2015 », le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports déclare, entre autres, que “le PKK continue d’être perçu comme une organisation terroriste violente et extrémiste, dont la propension à la violence n’a pas diminué”.
Par conséquent, pensez-vous que la Suisse devrait, à l’instar de l’Union européenne, des Etats-Unis, du Canada, mettre officiellement le PKK sur la liste des organisations terroristes ?
Réponse 3
La Suisse est fière et promeut sa « neutralité » à l’international. Cette position la pousse à ne mettre aucun acteur de côté. La Suisse promeut le dialogue avec toutes les parties en conflit, convaincue que c’est la meilleure façon de trouver les solutions. Evidemment, ceux qui contreviennent aux lois ou abusent de leurs droits doivent être sanctionnés par la justice.
Question 4
Récemment, en 2013 et 2015, des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) à Strasbourg, où notre Fédération fut tiers intervenant, ont sonné comme une remise à l’ordre en condamnant par deux fois la Suisse dans le procès Perinçek c. Suisse.
On se souviendra que cette péripétie juridique avait débuté devant les tribunaux lausannois en 2007 après que le Dr. Perinçek avait réfuté, en Suisse, l’expression de “génocide arménien” pour qualifier les événements survenus dans l’Empire ottoman il y a plus d’un siècle, pour finalement se conclure à Strasbourg.
Il ressort des jugements de la plus haute autorité judiciaire européenne “qu’il n’y a pas de consensus général” sur les événements de 1915, que “le sujet est encore largement débattu par les historiens”, et que les événements en question ne peuvent en aucun cas être comparés à la Shoah. De plus, la Cour rappelle que la qualification de “génocide” est une notion de droit bien définie. En effet, selon la Convention de l’ONU de 1948, seul un tribunal compétent peut statuer sur la qualification de “génocide” pour tel ou tel événement.
Dès lors, partagez-vous le principe selon lequel, dans un Etat libre, il n’appartient pas aux politiques, même animés des meilleures intentions, d’écrire l’Histoire, ni de se substituer à un tribunal par le biais de motions, postulats, lois, etc. ?
Réponse 4
Tout à fait. La justice fait son travail.
Question 5
Le législateur vaudois a donné la possibilité d’une reconnaissance d’intérêt public pour les communautés religieuses vivant dans notre canton (Constitution de 2003, Art. 171). Par le règlement d’application du 24 septembre 2014 (LRCR), le Conseil d’Etat vaudois a défini les conditions de cette reconnaissance.
Pensez-vous qu’une telle reconnaissance de la communauté musulmane peut être un acte intégrateur, pouvant aider à réduire les préjugés et surtout contrer l’islamophobie ?
Réponse 5
C’est tout à fait probable.
Question 5 (suite)
En cas d’une demande de reconnaissance émanant de la communauté musulmane (sous forme d’association), êtes-vous prêt à soutenir la “reconnaissance d’intérêt public” de la communauté musulmane du canton de Vaud ?
Réponse 5 (suite)
Le PLR suivra la loi et analysera si les conditions prévues par celle-ci sont remplies par la communauté en question.