
Dans le cadre des élections cantonales vaudoises 2017, voici ci-dessous les réponses de Lysiane Brahmi, candidate des Verts, à notre questionnaire en 5 points portant sur des sujets qui nous préoccupent au plus haut point:
“Elections cantonales 2017 – les Vaudois d’origine turque vous questionnent”
Question 1
On constate que nombre de jeunes issus de l’immigration subissent une discrimination lors de la recherche d’une place d’apprentissage ou lors de l’embauche, notamment de par leur nom à consonance typiquement étrangère.
Que proposez-vous pour lutter contre ce type de discrimination en particulier ou contre toute autre forme de ségrégation sociale ?
Réponse 1
Je veux militer pour l’adoption généralisée des Curriculum Vitae anonymes et sans photo afin que le ou la candidat/e soit choisi/e pour ses compétences et non à cause ou grâce à son nom ou ses relations. Dans un même temps, je veux que l’Etat de Vaud développe plus les recommandations aux entreprises privées dans ce sens – compétences égales, chances égales – et je désire œuvrer afin que l’Etat montre l’exemple en prenant à son service des jeunes issus de l’immigration – toujours à compétences égales, chances égales. Parallèlement, des efforts encore plus soutenus doivent être mis en place contre la discrimination à l’embauche, contre le racisme, travail que fait déjà très bien le Bureau Cantonal d’intégration mais à qui il est primordial de donner encore plus de moyens.
Question 2
L’avenir appartenant aux jeunes, avez-vous des solutions pour favoriser leur engagement dans la vie politique et citoyenne, notamment pour le cas de ceux issus de l’immigration ?
Réponse 2
L’intérêt et l’engagement des jeunes en politique est une chose difficile pour toutes les populations quelles qu’elles soient, d’origine suisse ou étrangères. La famille est la base de cet engagement et des parents engagés génèrent souvent des enfants actifs (pas seulement en politique d’ailleurs). Cela doit être une caractéristique basique de l’éducation. Je propose de solidifier l’instruction des parents en matière civique dès leur arrivée en Suisse mais aussi pour les immigrés installés depuis longtemps en Suisse. Des mesures adéquates doivent être prises. Information, sensibilisation, responsabilisation des parents afin qu’ils puissent transmettre les valeurs de la démocratie directe et inciter ainsi leurs enfants à participer activement à la construction sociale et en faire partie intégrante.
Concrètement : fascicules d’information (traduction en diverses langues), campagnes publiques d’encouragement à la participation citoyenne de tous, suisses ou d’origine étrangère, aide par diverses organisations caritatives ou d’Etat. Sensibilisation dès le plus jeune âge à l’école. Encouragement particulier aux jeunes issus de l’immigration afin de les rendre attentifs qu’ils peuvent participer et s’engager, tout d’abord au niveau communal et local pour ensuite œuvrer au niveau cantonal et fédéral. Je milite afin que les immigrés puissent, à tous les niveaux, avoir le droit de vote et d’éligibilité après un certain nombre d’années en Suisse.
Question 3
Pour illustrer un problème récurrent de ces dernières années, et qui est lié à la sécurité publique, nous rappelons la manifestation, dûment autorisée, organisée en date du 12 septembre 2015 par des associations turques de Suisse, ayant pour thème la condamnation du terrorisme et l’appel à la paix, qui a eu lieu à la Helvetiaplatz à Berne.
Alors que cette manifestation se déroulait de façon festive et pacifique, avec la participation de familles et d’enfants, des appels à perturber violemment cette manifestation ont été lancés sur les réseaux sociaux par des éléments liés au groupe terroriste PKK.
Cette contre-manifestation non-autorisée a donné lieu à des scènes d’une extrême violence, les militants du PKK molestant sans distinction les manifestants pacifiques et les passants, blessant grièvement plusieurs personnes, dont des enfants. La police, totalement débordée, a été également prise à partie par le PKK et dénombre aussi des blessés dans ses rangs. Jusqu’à tard dans la soirée, les activistes du PKK, armés de barres de fer, de pierres et de moyens pyrotechniques, ont semé la désolation dans le centre-ville de Berne, s’en prenant entre autres au mobilier urbain et au siège de la police cantonale.
Ce genre d’incidents à caractère raciste ayant déjà eu lieu dans le passé, s’ajoute à la pratique du racket, de la dîme de guerre, du trafic de drogue, de la traite d’êtres humains, et ne saurait être toléré, selon nous, sur le territoire suisse.
Dès lors, et sachant que Lausanne est un des foyers de la menace que représente le PKK, que pensez-vous que l’on puisse faire pour assurer la sécurité des personnes, et notamment celle des vaudois d’origine turque en face d’une telle organisation ?
Par ailleurs, dans son rapport « Switzerland’s Security 2015 », le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports déclare, entre autres, que “le PKK continue d’être perçu comme une organisation terroriste violente et extrémiste, dont la propension à la violence n’a pas diminué”.
Par conséquent, pensez-vous que la Suisse devrait, à l’instar de l’Union européenne, des Etats-Unis, du Canada, mettre officiellement le PKK sur la liste des organisations terroristes ?
Réponse 3
Je condamne fermement ce genre de violence et toute violence en général qui pour moi n’est pas justifiable. La Suisse est un pays neutre et je pense qu’elle doit le rester. Son rôle est plutôt d’amener les parties à se parler et à trouver des solutions ensemble, pacifiquement. Le peuple Kurde a été lésé à un moment de son Histoire, ils ont souffert. Je ne justifie personne car, encore une fois, rien ne justifie la violence. Il faut maintenant trouver des solutions et calmer cette guerre fratricide et stérile. Seule la paix est la solution pour que les peuples soient heureux et pacifiques. Alors non, à l’exemple de l’OLP palestinienne, je ne veux pas que la Suisse mette officiellement le PKK sur la liste des Organisations terroristes. D’autres solutions existent, j’en suis sûre et je veux travailler pour cette autre alternative.
Question 4
Récemment, en 2013 et 2015, des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) à Strasbourg, où notre Fédération fut tiers intervenant, ont sonné comme une remise à l’ordre en condamnant par deux fois la Suisse dans le procès Perinçek c. Suisse.
On se souviendra que cette péripétie juridique avait débuté devant les tribunaux lausannois en 2007 après que le Dr. Perinçek avait réfuté, en Suisse, l’expression de “génocide arménien” pour qualifier les événements survenus dans l’Empire ottoman il y a plus d’un siècle, pour finalement se conclure à Strasbourg.
Il ressort des jugements de la plus haute autorité judiciaire européenne “qu’il n’y a pas de consensus général” sur les événements de 1915, que “le sujet est encore largement débattu par les historiens”, et que les événements en question ne peuvent en aucun cas être comparés à la Shoah. De plus, la Cour rappelle que la qualification de “génocide” est une notion de droit bien définie. En effet, selon la Convention de l’ONU de 1948, seul un tribunal compétent peut statuer sur la qualification de “génocide” pour tel ou tel événement.
Dès lors, partagez-vous le principe selon lequel, dans un Etat libre, il n’appartient pas aux politiques, même animés des meilleures intentions, d’écrire l’Histoire, ni de se substituer à un tribunal par le biais de motions, postulats, lois, etc. ?
Réponse 4
Oui, je le partage. Pour moi, l’Histoire est la matière la plus malléable des sciences inexactes ! Chacun écrit ce qu’il veut bien selon ses propres intérêts, malheureusement. Cela vaut pour le monde entier et j’en suis bien désolée !
Question 5
Le législateur vaudois a donné la possibilité d’une reconnaissance d’intérêt public pour les communautés religieuses vivant dans notre canton (Constitution de 2003, Art. 171). Par le règlement d’application du 24 septembre 2014 (LRCR), le Conseil d’Etat vaudois a défini les conditions de cette reconnaissance.
Pensez-vous qu’une telle reconnaissance de la communauté musulmane peut être un acte intégrateur, pouvant aider à réduire les préjugés et surtout contrer l’islamophobie ?
Réponse 5
Oui, je pense qu’une telle reconnaissance de la communauté musulmane peut être un acte intégrateur pouvant aider à réduire les préjugés et contrer l’islamophobie.
Oui, totalement, à fond !!