Avant-propos
Le vote est un droit mais aussi un devoir civique. Ce droit individuel qui définit toutes sociétés démocratiques a été chèrement obtenu par les Turcs; les libertés acquises par l’exercice de ce droit, lors de votations ou d’élections, doivent être honorées et protégées à chaque fois que l’opportunité se présente.
Selon le calendrier initial, cette opportunité devait se présenter lors des élections présidentielles et législatives turques qui auraient dû se tenir simultanément le 3 novembre 2019 et être précédées d’un scrutin municipal au mois de mars de la même année.
L’annonce d’élections anticipées pour le 24 juin (et 8 juillet 2018 en cas de second tour de la présidentielle) par le Président Erdoğan – qui survient près d’un an, jour pour jour, après le référendum constitutionnel du 16 avril 2017, remporté de justesse et qui prévoyait le passage à un régime présidentiel – a été approuvée par voie d’une motion le 20 avril 2018 par la Grande Assemblée nationale.
Pour rappel, le parlement turc avait voté, la veille et pour la septième fois, la prolongation de l’état d’urgence, décrété après le putsch manqué de juillet 2016, ce qui signifie que ces élections se dérouleront sous un régime d’exception.
Ces élections anticipées surviennent alors que le pays est confronté à un contexte géopolitique difficile, avec l’intensification du conflit en Syrie, et une situation économique préoccupante, avec des signes de surchauffe malgré une très forte croissance. Dès lors, aux yeux de certains observateurs, attendre l’échéance de 2019 aurait été préjudiciable pour la Turquie.
Une nouvelle donne ne manquera pas de laisser son empreinte sur ces élections : au début du mois de mars, lors d’une séance parlementaire qui dura toute la nuit, le parlement turc approuvait une révision controversée de la loi électorale. Le texte adopté lève notamment l’interdiction des alliances électorales, apportant un cadre législatif aux pactes d’alliance que certains partis ont récemment conclus. Cette mesure permet aux partis regroupés au sein d’une alliance de pouvoir envoyer des députés dans l’hémicycle même s’ils obtiennent, pris séparément, un nombre de voix inférieur au seuil nécessaire de 10%.
C’est dans ce contexte que les 59 390 000 électeurs turcs (dont 3 050 000 à l’étranger) sont appelés à se prononcer le 24 juin 2018 sur deux objets : d’une part, le renouvellement de la Grande Assemblée nationale, dont le nombre de ses membres est porté de 550 à 600 députés, et, d’autre part, l’élection du président de la République pour un mandat de cinq ans au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Pour être élu, un candidat à l’élection présidentielle doit recueillir une majorité absolue de plus de 50% des voix au premier tour. A défaut, les deux candidats arrivés en tête s’affronteront lors d’un second tour prévu le 8 juillet 2018.
Les candidat(e)s à l’élection présidentielle sont (par ordre alphabétique) :
Nom | Prénon | Date de naissance | Université | Parti politique |
AKŞENER | Meral | 18/07/1956 | Université de Marmara | IYI |
DEMİRTAŞ | Selahattin | 10/04/1973 | Université d’Ankara | HDP |
ERDOĞAN | Recep Tayyip | 26/02/1954 | Université de Marmara | AKP |
İNCE | Muharrem | 04/05/1964 | Université d’Uludağ | CHP |
KARAMOLLAOĞLU | Temel | 20/09/1941 | Université de Victoria | Saadet |
PERİNÇEK | Doğu | 17/06/1942 | Université d’Ankara | Vatan |
Comment voter ?
Les quelques 3 050 000 de Turcs établis hors de Turquie peuvent voter directement dans l’un des 123 centres de vote mis à disposition par les ambassades ou postes consulaires à travers le monde. De part la loi électorale, il faut au minimum 500 votants enregistrés dans une circonscription à l’étranger pour qu’un bureau de vote y soit établi. L’Allemagne avec 13 centres de vote a le plus grand nombre de bureaux de vote en dehors de la Turquie, suivie par les Etats-Unis avec 7 centres de vote.
En Suisse, ces centres, au nombre de trois (Genève, Berne et Zurich), sont ouverts de 9h00 à 21h00, du vendredi 15 juin au 19 juin 2018 pour les législatives et pour le premier tour de la présidentielle, et, dans le cas d’un deuxième tour à l’élection présidentielle, du 30 juin au 4 juillet 2018. Il n’y a pas lieu de prendre, préalablement, un rendez-vous.
Pour les dates et heures d’ouverture des ambassades et postes consulaires se trouvant dans des pays tiers, veuillez consulter le document PDF du Conseil suprême électoral.
Pour les Turcs de l’étranger, il leur est également possible de voter à certains postes frontières en Turquie, ceci du jeudi 7 juin au 24 juin 2018, jusqu’à 17h00, et dans l’hypothèse d’un deuxième tour pour la présidentielle, du samedi 30 juin au dimanche 8 juillet 2018, jusqu’à 17h00.
Important : vérifier votre statut d’électeur de l’étranger
Les citoyens Turcs souhaitant voter auprès des représentations diplomatiques à l’étranger doivent impérativement être inscrits dans le registre électoral étranger pour pouvoir voter. Pour vous éviter de désagréables surprises au moment de glisser votre bulletin de vote dans l’urne, nous vous recommandons vivement de vérifier votre statut d’électeur en vous rendant sur la page correspondante du Conseil suprême électoral (YSK).
Récemment, le Conseil suprême électoral a créé une application pour téléphone mobile vous permettant de vérifier en ligne votre statut d’électeur à l’étranger. Vous avez la possibilité de télécharger cette application sur les plateformes suivantes :
Play Store :
https://play.google.com/store/apps/details?id=com.yskandroidapp
App Store :
https://itunes.apple.com/tr/app/secmen-sorgulama/id841288836?mt=8&ign-mpt=uo%3D4
Si les informations concernant votre statut d’électeur ne sont pas correctes, vous avez la possibilité de faire les changements et autres corrections en vous rendant personnellement à la représentation diplomatique la plus proche de votre domicile dès le 30 avril jusqu’au 12 mai 2018 au plus tard, ceci sans rendez-vous préalable durant les heures d’ouvertures de ces représentations diplomatiques (pour le Consulat général de Turquie, les horaires sont de 9h00 à 12h30 et de 14h00 à 17h00).
En dehors des heures d’ouvertures usuelles, le Consulat général de Turquie met en place une permanence – destinée uniquement aux démarches concernant le statut d’électeur – de 10h00 à 16h00, le samedi 5 mai, le dimanche 6 mai, le jeudi 10 mai et le samedi 12 mai, 2018. Passé cette date, les demandes pour d’éventuelles modifications ne seront plus prises en considération.
Les étapes du processus de vote
L’électeur se présente devant l’urne où le président du bureau et son/ses suppléant(s) vérifie(ent) son identité (ne pas oublier d’apporter avec soit sa carte d’identité (nüfus cüzdani) ou son passeport). Deux bulletins de vote distincts seront remis à chaque électeur, un pour l’élection présidentielle, l’autre pour le renouvellement de la Grande assemblée nationale (27ème législature). L’électeur se rend à l’isoloir pour entériner son choix (le passage par l’isoloir est obligatoire dans tous les cas afin de garantir le caractère secret et personnel du vote), puis il placera les deux bulletins de vote pliés (s’assurer que l’encre du tampon est bien sec) dans une seule enveloppe qu’il glissera dans l’urne avant d’avoir signé la liste d’émargement en face de son nom et d’avoir récupéré ses pièces d’identité.
Le Conseil suprême électoral (YSK) a réalisé un document, en turc, destiné aux électeurs quant à la procédure qu’ils seront tenus de suivre au bureau de vote. Ce document est consultable ICI.
Devenez assesseur ou observateur
Voter, c’est bien, mais contribuer à un meilleur moyen de faire fonctionner la démocratie en s’impliquant directement dans le processus de vote, c’est encore mieux !
Comment ? Tout simplement en endossant le rôle d’assesseur ou d’observateur. Pour ce faire, les volontaires peuvent directement prendre contact avec les différents partis politiques ou, encore, s’inscrire par le biais du site indépendant « Oy ve Ötesi » (« Vote et au-delà ») qui propose, entre autres, une formation en ligne. Nous vous invitons également à consulter la brochure détaillée (PDF en turc) que le Barreau d’Istanbul a publié à l’adresse des assesseurs et des observateurs (respectivement « müşahit » ou « gözlemci » en turc) qui s’assurent bénévolement du bon déroulement, de la régularité du vote et, in fine, de la sécurité des urnes.
Cet article est susceptible d’être actualisé dans les jours et semaines qui viennent. En attendant, nous vous conseillons de consulter régulièrement les informations à même d’être mises à jour sur le site du Consulat de Genève, de celui de Zurich ou de l’Ambassade de Berne et/ou sur la section relative à ces élections sur le site du Conseil suprême électoral (www.ysk.gov.tr). Nous vous invitons également à consulter la brochure éditée par le Conseil suprême électoral que nous avons reçu le 17 mai 2018.
Voter est un acte fort, un acte citoyen qui fait vivre notre démocratie.
Ne pas voter, c’est laisser les autres décider à votre place !
Article actualisé le 19 juin 2018