On ne sauve aucune démocratie par le terrorisme
« Ils n’ont rien appris ni rien oublié » : la formule de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord sur les aristocrates français émigrés pendant la Révolution s’applique étrangement à certains de nos élus genevois supposés les plus avancés.
Qui sont-ils ? Il s’agit des Conseillers municipaux Christina Kitsos (PS), Pascal Holenweg (PS), Emmanuel Deonna (PS), Marie-Pierre Theubet (Les Verts), Grégoire Carasso (PS), Olivier Gurtner (PS) et Virginie Studemann (PS), ceux-là même qui ont déposé la motion M-1261 intitulée “Turquie: défendre les droits humains, la démocratie et les droits du peuple kurde” et qui a été votée après un débat le 7 février 2017 au Conseil municipal puis transmise au Conseil administratif de la Ville de Genève.
Ces politiciens, auto-proclamés “grands spécialistes de la Turquie”, ont déposé une motion plus que tendancieuse sur le Parti démocratique des peuples (HDP). On y apprend que le HDP est « le principal parti d’opposition en Turquie ». Or, lors des élections législatives de novembre 2015, le HDP n’est arrivé qu’en quatrième position en voix, avec 10,76 % des suffrages exprimés, loin derrière le Parti républicain du peuple (CHP), qui a obtenu 25,32 %. Et c’est également le CHP qui dirige la ville la plus peuplée tenue par l’opposition : Izmir.
Fâchés avec les chiffres, les auteurs de cette motion sont fâchés avec les lettres. La motion nous affirme que pour « pour obtenir le respect des droits humains et des droits démocratiques en Turquie », il faut soutenir Figen Yüksekdağ, coprésidente du HDP. Les auteurs savent-ils que Mme Yüksekdağ a cofondé et dirigé le Parti socialiste des opprimés, un groupuscule marxiste-léniniste qui prône la « dictature du prolétariat » ? Ou ignorent-ils que le goulag n’a pas été inventé par Staline mais par Lénine ?
Selahattin Demirtaş, l’autre coprésident du HDP, autre référence « démocratique » selon nos auteurs, a dit et répété qu’il voulait faire ériger des statues d’Abdullah Öcalan, dirigeant historique du PKK, condamné à perpétuité. Le PKK figure sur la liste des organisations terroristes établie par l’Union européenne, les États-Unis, le Canada, etc. Des dizaines de ses membres ont été condamnés dans plusieurs pays de l’UE, et en 2014, la Cour suprême danoise a retiré son autorisation d’émettre à Roj TV, décision approuvée par la Cour européenne des droits de l’Homme en 2018, car c’était un porte-voix du PKK. En quoi l’arrestation d’un clairon de ce même PKK porterait-elle atteinte à la démocratie ?
Quant à l’égalité homme-femme, nous tenons à dire qu’elle n’a nul besoin de « féministes » telles que Leïla Khaled, grande amie du HDP, régulièrement invitée par lui ces dernières années. Mme Khaled, responsable de deux détournements d’avions avec mort d’homme, est cadre du Front populaire pour la libération de la Palestine, une organisation terroriste qui fut financée, dans les années 1970, par le nazi suisse François Genoud, et qui l’est aujourd’hui par les mollahs iraniens, si féministes, comme chacun sait !
Dans notre courrier du 6 mars 2017 au Conseil administratif, nous avions fait part de certaines observations en réponse aux inepties récurrentes avancées par les porteurs de la motion telles que la prophétie du pire colportée dans la motion, à savoir une “guerre franchement déclarée entre Turcs et Kurdes” qui témoigne de l’ignorance de l’histoire de la Turquie, et reprend les propos d’un séparatisme ethnique et racial ultra-minoritaire. Mais force est de constater qu’il n’est pas toujours aisé, depuis un siège de Conseiller municipal genevois, de disposer de tous les paramètres pour une grille de lecture objective de la situation en Turquie.
Notre courrier a dû fortement inspirer les Conseillers administratifs puisque dans sa réponse du 7 février 2018 à la motion M-1261, le maire, M. Rémy Pagani, fera preuve de modération dans ses propos en reprenant une partie de nos arguments. En revanche, il fera la sourde oreille à notre demande de non-ingérence, en se substituant au Département fédéral des affaires étrangères (le DFAE et plus particulièrement son chef, le Conseiller fédéral M. Didier Burkhalter, que nous avions également interpellé et qui nous avait répondu en des termes jugés des plus satisfaisants).
Nous condamnons ce type d’immixtion et appelons le Conseil administratif à faire preuve d’humilité, celle qu’il lui a manqué par le passé, quand la Ville de Genève s’est distinguée en reconnaissant le “génocide arménien” dans un premier temps, puis en permettant le projet d’un monument arménien, bafouant au passage les principes de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide des Nations-Unies de 1948.
L’Histoire peut être réduite à une farce,
surtout si elle sert un objectif politique.”
Zbigniew Brzezinski, politologue américain (1928 – 2017)
Notre courrier a reçu un certain nombre de soutien de Conseillers municipaux opposés aux manœuvres du Parti socialiste et des Verts. Ils se sont dressés contre cette motion et, en cela, nous leur sommes redevables. Nous restons à leur disposition pour un dialogue ouvert et soucieux du pluralisme et de la cohésion entre les citoyens et leurs élus.
Article actualisé en mai 2018.