
En préambule
Ce scrutin est organisé à la suite de la démission surprise de l’écologiste Antonio Hodgers après douze ans au Conseil d’État. Le gouvernement genevois est actuellement composé des PLR Nathalie Fontanet et Anne Hiltpold, des socialistes Carole-Anne Kast et Thierry Apothéloz, de la centriste Delphine Bachmann, du représentant du parti Libertés et justice sociale Pierre Maudet et donc de l’écologiste Antonio Hodgers.
Lors premier tour de l’élection partielle pour le Conseil d’État du 28 septembre, qui vise donc à désigner le successeur d’Antonio Hodgers, ce sont huit candidats et deux candidates qui étaient en lice pour cette élection complémentaire, dont cinq prétendants hors des grands partis traditionnels.
À l’issue du dépouillement, le conseiller national écologiste Nicolas Walder, présenté comme le favori et qui espère défendre le siège laissé vacant par Antonio Hodgers, n’obtient que 32 573 voix et devance d’un peu plus de 5 000 suffrages l’UDC Lionel Dugerdil (27 031 voix), qui était soutenu par le PLR.
Contrairement à ce que la gauche prédisait, l’élection n’a pas été facile pour Nicolas Walder, qui obtient moins de 30% des voix, alors que la droite cumulée fait 35%.
Avec l’outsider Philippe Oberson (Liste N°1 – Le Peuple d’Abord), Nicolas Walder et Lionel Dugerdil vont donc s’affronter au second tour le 19 octobre. L’enjeu est de taille car, au-delà des priorités de chacun, il s’agit de sauver l’unique siège écologiste pour le premier, devenir le premier conseiller d’État UDC pour le second.
Mais pour notre fédération, en dehors des enjeux électoraux connus, il y a une autre source d’inquiétude !
Notre priorité : faire barrage à la turcophobie de Nicolas Walder
Nous avons toujours respecté les sensibilités politiques de nos membres et nous continuerons de le faire. Toutefois, s’ils ont choisi de nous rejoindre, c’est que la lutte contre la turcophobie est l’un de leurs soucis. Avec l’élection complémentaire du 19 octobre 2025 à Genève, les quelques 8 à 9 000 habitants du canton originaire de Turquie, nos membres et leurs amis auront l’occasion de le montrer.
En effet, cette élection opposera principalement Nicolas Walder, candidat des Verts à Lionel Dugerdil, candidat de l’Union démocratie du centre (UDC) et ancien membre du Parti libéral-radical (PLR).
Or, autant le PLR et l’UDC sont traditionnellement à l’écoute de nos demandes (pour rappel, notre avocat Yves Nidegger qui est d’ailleurs député UDC au Grand conseil genevois fut notre conseil lorsque, avec succès, nous avions participé en qualité de tiers intervenant dans l’affaire Perinçek c. Suisse auprès de la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg), autant M. Walder s’est signalé par une hostilité systématique aux peuples turciques.
Nicolas Walder manifeste une extrême complaisance vis-à-vis de l’organisation terroriste PKK. Il a « salué le courage d’Abdullah Öcalan », son fondateur, certes à propos du processus de paix, mais en faisant comme si les terroristes l’avaient engagé (alors que c’est le contraire), et en évitant soigneusement toute référence aux attentats du PKK comme à leurs victimes. M. Walder a décrit les négociations entre le PKK et la Turquie comme s’il s’agissait de deux interlocuteurs également légitimes, sans se soucier aucunement du fait que le PKK est reconnu comme organisation terroriste par l’Union européenne, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), les États-Unis, le Canada, le Japon, etc. M. Walder prône pourtant un rapprochement entre la Suisse et l’UE. C’est son droit. Mais pourquoi se contredire ainsi ? De même, il n’a manifesté aucune inquiétude quant au refus, jusqu’à présent, de la branche syrienne du PKK (de loin la plus dangereuse actuellement) de déposer les armes.
Pire encore, M. Walder a déclaré : « L’État turc doit mettre fin à sa guerre et à sa répression contre le peuple kurde. Dans un premier temps, il devrait libérer tout ou partie des prisonniers politiques kurdes. ». Rappelons encore une fois qu’en dehors même de la vitrine politique du PKK (le DEM), plusieurs dizaines de députés turcs sont des Kurdes, dans la majorité (AKP, MHP) comme dans l’opposition (CHP). Mehmet Şimşek, ministre AKP des Finances, est un Kurde. Il n’y a pas de « prisonniers politiques kurdes en Turquie », mais des terroristes condamnés pour crime de sang et des personnes incarcérées pour apologie du terrorisme, détention illégale d’explosifs, etc.
En 2023, onze membres du PKK ont été condamnés, par le tribunal de Paris, à des peines allant jusqu’à cinq ans de prison, pour financement du terrorisme et extorsion de fonds. Sept autres ont été inculpés en 2024, toujours à Paris. En 2018, la Cour européenne des droits de l’homme a rejeté, à l’unanimité, la requête de Roj TV, ex-chaîne de télévision affiliée au PKK, et donc interdite comme telle par la Cour suprême danoise. Où est la différence ? Même un militant d’extrême gauche qui s’est rendu dans les camps du PKK en Syrie en est revenu plus que déçu, y ayant constaté la nature totalitaire et sanguinaire de cette organisation. M. Walder est parfois traité de pastèque, vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur. Nous regrettons que ce ne soit pas le meilleur rouge.
Mais ce n’est pas tout. M. Walder est aussi cosignataire de la motion contraignante exigeant de l’exécutif fédéral suisse qu’il se mêle de la question des Arméniens ayant quitté le Karabakh en 2023. M. Walder a accusé l’Azerbaïdjan de « nettoyage ethnique », pas moins. En réalité, la mission de l’ONU a pu constater qu’il n’y avait pas eu d’expulsion d’Arméniens du Karabakh par l’Azerbaïdjan, en 2023. Nous avions dûment informé les parlementaires fédéraux, M. Walder comme les autres, sur le caractère foncièrement inexact et contre-productif de cette motion. Il ne nous a pas écoutés. Il n’a pas davantage écouté le Conseil fédéral, qui — reprenant une partie de nos arguments — avait expliqué, avec justesse :
Le conflit est, en premier lieu, un différend entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, et il revient aux autorités de ces deux pays de décider des modalités de règlement et des forums de négociation qui leur semblent les plus appropriés. Conformément au droit international, le Haut-Karabakh fait partie du territoire azerbaïdjanais. La Suisse, tout comme le reste de la communauté internationale, n’a pas reconnu cette entité.
Le Conseil fédéral soutient toute initiative visant à promouvoir la stabilité et la réconciliation dans la région. […] Cependant, à ce stade, tant l’Arménie que l’Azerbaïdjan ont exprimé leur volonté de poursuivre les négociations sur une base bilatérale. »
Pour ne rien arranger, M. Walder s’est commis avec l’ancien « défenseur des droits » de l’entité séparatiste arménienne du Karabakh. Défenseur de quels droits ? Pas ceux des Azerbaïdjanais et des Kurdes expulsés ou massacrés en 1992-1993 par les forces arméniennes d’invasion en tout cas. Il s’est attiré les compromettantes félicitations du Comité national arménien d’Amérique (ANCA), dont l’ex-président Mourad Topalian a été condamné en 2001 à trente-sept mois de prison ferme, trois ans d’assignation à résidence et une amende pour détention illégale d’explosifs (qui plus est des explosifs volés) et de treize armes de guerre, et dont l’actuel président, Aram S. Hamparian, a appelé à tuer le Premier ministre arménien Nikol Pachinyan, coupable de vouloir la paix.
Nous ne négligeons pas l’importance des questions environnementales. Mais nous ne voyons pas en quoi la turcophobie constante de M. Nicholas Walder aidera, de quelque façon que ce soit, à les résoudre.
Dès lors, nous recommandons donc de faire échec à son accession au Conseil d’Etat en mettant dans l’urne le bulletin du candidat le plus à même de le battre : M. Lionel Dugerdil (Liste N°3 – ALLIANCE DROITE ET CENTRE-DROIT).
Votez, vous pouvez faire la différence !
Si vous votez par correspondance, sachez que le délai d’envoi est au jeudi 16 octobre 2025.