Elections du Conseil national et premier tour de l’élection au Conseil des Etats – 20 octobre 2019
Dans le cadre du renouvellement intégral du parlement suisse, les électeurs et électrices suisses seront appelés à élire, le dimanche 20 octobre 2019, les 200 sièges du Conseil national (la chambre basse) et les 46 sièges du Conseil des Etats (la chambre haute) pour une nouvelle législature de quatre ans.
A l’heure de voter, nombreux ont été nos membres individuels et associatifs à nos solliciter pour obtenir plus d’éclaircissements sur des problématiques spécifiques aux Turcs de Suisse. En effet, par-delà les clivages politiques qui peuvent exister entre ses membres, notre communauté est traversée par des préoccupations convergentes.
Dans le but d’obtenir l’éclairage souhaité, nous avions comme habitude d’interagir avec les candidats – soit par le biais de rencontre soit au travers d’un questionnaire – pour leur faire part des sujets pas ou peu débattus durant la campagne et qui nous préoccupent en particulier.
Absorbés par l’organisation de notre Assemblée générale qui aura lieu le 10 novembre 2019 et quelque peu bousculés par l’actualité concernant le nord de la Syrie, nous avons renoncé à envoyer un questionnaire aux candidats. En lieu et place, nous avons eu des entretiens informels avec certains candidats et avons sollicité nos membres associatifs pour qu’ils nous informent ainsi que leurs propres membres quel(le)s candidat(e)s et/ou partis ont un profil correspondant à nos sensibilités.
Voici nos recommendations de vote :
Parti libéral-radical (PLR)
Le PLR, dans son ensemble, a toujours été bienveillant à l’égard des Suisses d’origine turque ; il serait difficile d’énumérer ici tous les candidats avec lesquels nous avons une convergence de vue, que ce soit sur les différents thèmes de cette campagne ou, d’une manière plus spécifique, sur les thématiques qui nous touchent.
Pour ces élections fédérales, dans l’impossibilité de tous les mentionner, nous citerons en particulier les candidats suivants :
PLR (Genève)
- Murat Julien Alder, candidat au Conseil national, avocat, Président du Centre de consultation pour victimes et député, et qui a une sensibilité toute particulière envers les Suisses originaires de Turquie.
- Hugues Hiltpold, architecte, candidat aux Conseil des Etats et ancien Conseiller national, avec qui nous avons récemment eu le privilège de nous entretenir lors d’un déjeuner fort constructif.
PLR (Vaud)
- Isabelle Moret, avocate-conseil, Vice-présidente du Conseil national, candidate au Conseil national, que nous avions rencontré dans le cadre des élections au Conseil des Etats de 2011 pour discuter d’une possible révision de la norme pénale antiraciste de l’article 261bis du Code pénal.
- Olivier Français, ingénieur civil, Conseiller aux Etats, Président du Festival International du Film Alpin des Diablerets et de la Société du Tunnel du Grand-St-Bernard, candidat au Conseil national et aux Etats. Olivier Français a toujours été, depuis de longues années, à l’écoute de nos préoccupations.
Mouvement citoyen Genève (MCG)
Depuis de longues années déjà, nous avons des relations privilégiées avec le MCG, un parti que nous avions approché dès sa fondation et soutenu lors des élections pour le Grand Conseil de novembre 2005. Nous avons souvent eu des rencontres avec leurs membres et dirigeants qui nous ont fait, à plusieurs reprises, l’honneur d’assister à nos conférences et autres activités culturelles.
- François Bärtschi, ancien journaliste, Député, Secrétaire générale du MCG, que nous connaissons de longue date et qui suit de près les activités de notre fédération (voir sa réponse à notre questionnaire envoyé dans le cadre des élections cantonales genevoises de 2018).
Union démocratique du centre (UDC)
Depuis des années, l’UDC favorise le développement des relations entre la Suisse et la Turquie et a toujours œuvré à écarter tout élément exogène qui pourrait nuire à l’amitié entre les deux peuples. Les Turcs n’ont pas oublié les propos courageux que Monsieur Blocher avait eu en Suisse et en Turquie quant au détournement par des groupes ethnocentriques de l’article 261 bis. En ce sens, la Cour européenne des droits de l’homme lui a donné, encore récemment, raison à trois reprises. Concernant le funeste monument arménien de Genève, l’UDC, à plusieurs, reprises s’est interposée à ce projet qui ne sert ni les intérêts de Genève, ni de la Suisse en général, lors de débats au Conseil municipal ou lors de votes au Grand Conseil.
UDC (Genève)
- Yves Nidegger, Conseiller national et avocat, de notre fédération entre autres, qui avait été notre conseil lors de l’affaire Perinçek c. Suisse à la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) à Strasbourg. On se souviendra que la FATSR avait pris part à cette procédure suite au recours de la Suisse auprès de la Grande chambre en tant que tiers intervenant aux côtés du Dr. Doğu Perinçek ; cette dernière nous avait d’ailleurs donné raison. Pour s’y être rendu plusieurs fois, Yves Nidegger qui est candidat au Conseil national, est un fin connaisseur de la Turquie et, en cette qualité, a fait partie du groupe parlementaire d’amitié Suisse-Turquie, groupe dont nous avions été un des instigateurs en 2007.
- Eric Bertinat, actuellement Secrétaire général de l’UDC-Genève est candidat au Conseil national. Nous avions eu l’occasion de le soutenir lors des élections municipales genevoises de 2015 qui, avec son parti, avait été soucieux de prendre en compte nos préoccupations en s’opposant aux manœuvres de certaines personnes visant à stigmatiser les Suisses d’origine turque.
Parti socialiste (PS)
Le Parti socialiste suisse, naguère un pôle d’attraction pour les Suisses d’origine turque, fait, depuis un certain temps déjà, l’objet de vives critiques d’une partie non négligeable de nos électeurs. Si à titre individuel, nos membres associatif entretiennent des relations amicales avec certains candidats ou membres de parti, la politique de ses instances dirigeantes est de plus en plus perçue pour être blessante, voir antiturque : les Turcs se souviennent des prises de positions – souvent partisanes – du PS concernant, par exemple, la question arménienne dans le cadre des événements survenus en 1915 dans l’Empire ottoman, faisant fi des considérations juridiques et historiques, ou encore ses sympathies pour les mouvements terroristes du PKK et du YPG.
Plus récemment, dans le cadre de la campagne de la Turquie visant à sécuriser sa frontière au nord de la Syrie, le PS a formulé des appels auprès des autorités fédérales à boycotter Ankara. Il incombe donc à nos membres ayant une affinité avec le PS suisse de faire une recherche pour déterminer le profil de chaque candidat(e).
PS (Genève)
Candidats à biffer :
- Carlo Sommaruga, Conseiller national, candidat au Conseil des Etats. Membre actif du “géno-club” arménien, il nous avait avoué, lors d’une réunion au siège du PS durant les élections genevoises de mars 2011, n’avoir lu aucun ouvrage sur la question de 1915 ! Sommaruga est également connu pour son soutien envers les sympathisants du « Parti des travailleurs du Kurdistan » (PKK) – groupe terroriste d’inspiration maoïste – n’hésitant d’ailleurs pas à s’exprimer, ici et là, sous des banderoles arborant la figure de son chef historique, Abdullah Öcalan.
Rappelons également que Sommaruga fera également l’objet d’une enquête pour diffamation à l’encontre de l’historien français Maxime Gauin, spécialiste de l’histoire ottomane tardive, qui avait porté plainte à Paris, à la suite d’un tweet daté du 5 juin 2016. Il n’a été sauvé que par sa nationalité et son immunité parlementaire : sachant que toutes poursuites des autorités judiciaires françaises seraient vaines, l’individu n’a jamais daigné répondre au courriel de la police parisienne !
- Christian Dandrès, juriste et avocat, député et candidat au Conseil national, cosignataire du projet de résolution R-879 pompeusement dénommée « Soutenons les droits démocratiques du peuple kurde », ne mérite pas notre confiance.
Les Verts
Les Verts nous ont habitués au meilleur et, parfois, au pire. Par le passé, nous avons soutenu certains de leurs candidats mais aussi décrié ceux qui prêchent par ignorance et sont dans le sillon d’un Ueli Leuenberger, ancien vice-président du groupe parlementaire Suisse-Arménie et turcophobe à ses heures, ou d’un Patrice Mugny, inénarrable ancien maire de Genève et parrain du « mémorial arménien » de Genève.
Nous recommandons donc à nos membres et amis de faire leur choix électoral au cas par cas.
Les Verts (Vaud)
- Pascal Gemperli, Président du Conseil communal de Morges, médiateur et animateur de différentes ONG. Ancien Président de l’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM) de 2012 à 2018, il occupe actuellement le poste de Secrétaire général. Certains membres de notre Comité directeur sont en rapport régulier avec lui.
Les Verts (Genève)
Candidate à biffer :
- Isabelle Pasquier, Députée, candidate au Conseil national, une des cosignataires du projet de résolution R-879 soumis au Grand Conseil genevois.
Ensemble à Gauche (Genève)
La coalition de la gauche radicale englobe pas moins de cinq listes pour le Conseil national et deux candidats pour le Conseil des Etats. S’il nous a été difficile de nous faire une idée précise du profil de la plupart des candidat(e)s d’Ensemble à Gauche, d’autres nous sont particulièrement connus pour leur hostilité – quasi maladive – à l’égard de la Turquie.
Nous proposons donc de biffer les candidat(e)s suivant(e)s :
- Christian Zaugg, qui avec une dizaine d’autres Conseillers municipaux de la Ville de Genève, signa, tout d’abord, la funeste motion M-759 du 8 décembre 2007 à l’origine du monument arménien de Genève, puis, en avril de cette année, le projet de résolution R-879.
- Pierre Vanek, Jocelyne Haller et Jean Batou qui ont également cosigné le projet de résolution R-879.
Nous nous excusons auprès des nombreux autres partis et candidat(e)s que nous n’avons pas pu nommer ici.
La diversité de partis, les différents profils des candidat(e)s au sein d’un même parti sont des distinctions qui font la richesse d’une campagne électorale et, in fine, le dynamisme d’une démocratie tel qu’on l’observe en Suisse. Si plusieurs possibilités s’offrent aux électrices et électeurs au moment de remplir leur bulletin électoral (consultez le guide “Elections 2019“, nous vous suggérons, plutôt que de voter pour telle ou telle liste, de favoriser le panachage de leurs votes, ou mieux encore, d’utiliser un bulletin vierge pour composer votre propre liste idéale.
Comme lors d’élections et votations précédentes, et avec bien entendu un profond respect pour les inclinations politiques de chacun et chacune, nous aimerions vous rappeler que la participation au scrutin est l’acte fondamental en démocratie.
Et que nos propos puissent nourrir votre réflexion !