“Bis repetita”, on prend les mêmes et on recommence !
Tel aurait pu être le titre de cet article en réponse à un projet de résolution R-879 déposé au secrétariat du Grand Conseil genevois en date du 8 avril 2019.
Ce projet de résolution, pompeusement dénommée « Soutenons les droits démocratiques du peuple kurde », est présenté par les députés suivants : Mmes et MM. Jean Burgermeister (EAG), Caroline Marti (PS), Jean Rossiaud (VE), Katia Leonelli (VE), Emmanuel Deonna (PS), Christian Zaugg (EAG), Salika Wenger (EAG), Olivier Baud (EAG), Diego Esteban (PS), Jean-Charles Rielle (PS), Sylvain Thévoz (PS), François Lefort (VE), Pierre Vanek (EAG), Pierre Bayenet (EAG), Christian Dandrès (PS), Léna Strasser (PS), Pablo Cruchon (EAG), Jocelyne Haller (EAG), Youniss Mussa (PS), Mathias Buschbeck (VE), Paloma Tschudi (VE), Alessandra Oriolo (VE), Marjorie de Chastonay (VE), Jean Batou (EAG), Salima Moyard (PS), Isabelle Pasquier (VE), Yves de Matteis (VE).
A la lecture du projet de résolution — étrangement similaire à la motion M-1261 du 7 février 2017 pour laquelle nous avions interpellé, par un courrier daté du 6 mars 2017, le Conseil administratif de la Ville de Genève — un œil averti reconnait facilement son inspiration turcophobe et la rhétorique habituelle de la propagande d’activistes de gauche, proches du (très mal nommé) Parti des travailleurs du Kurdistan, plus connu sous la dénomination PKK (pour Partiya Karkerên Kurdistan, en kurde), reconnu comme une organisation terroriste par l’Union européenne, les Etats-Unis, le Canada et l’OTAN, et qui poursuit son militantisme sur le territoire helvétique également comme l’atteste le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports dans son rapport « Switzerland’s Security 2015 ».
C’est aujourd’hui une évidence et une réalité juridique :
le PKK apparaît au grand jour comme une entité criminelle sophistiquée. Il accumule à travers ses membres et ses organisations annexes (…) toutes les poursuites nécessaires à cette affirmation : extorsion de fonds, trafic d’enfants et pressions en tous genres sur la diaspora kurde, bien entendu, mais surtout désormais le trafic de stupéfiants et blanchiment d’argent. »François Haut, juriste & criminologue
Guérilla et Narcotrafic : le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PDF)
Ecole suisse de Police – Neuchâtel, 7 novembre 1996
Si certains députés ont pu proposer cette résolution par naïveté, par ignorance ou par suivisme, d’autres l’on fait par une turcophobie maladive et répétitive. Nous en nommerons quelques-uns qui excellent dans ce vil exercice :
Pierre Vanek d’abord qui s’était rendu à Istanbul le 24 avril 2015 pour commémorer ce qu’il appelle « le génocide arménien » et Christian Zaugg, un des instigateurs de la funeste motion M-759 du Conseil municipal datée du 8 décembre 2007, exigeant l’érection « d’un monument à la mémoire commune des genevois et des Arméniens”. Et puis, n’oublions pas Sylvain Thévoz : ce dernier avait émis des pronostics fantaisistes quant à l’issue de l’affaire Perinçek en réponse à une lettre adressée par Me Alain Marti au Conseil d’Etat sur la menace que fait planer l’érection d’un monument arménien sur la Genève internationale (pour rappel, Me Marti fut l’avocat de l’Association de la Vieille-Ville de Genève qui s’était opposée à l’implantation du monument au Bastion de Saint-Antoine et qui avait assigné Sami Kanaan et son acolyte Rémy Pagani devant la Cour de justice pour abus d’autorité). Thévoz, en bon relayeur des groupes de pressions arméniens établis en Suisse dont certains émanent directement du groupe terroriste ASALA, co-fondé par le pasteur arméno-bernois James Karnusian, responsable de nombreux attentats à Genève notamment, avait écrit que « l’arrêt du 12 décembre 2007 du Tribunal fédéral qui rappelle en toute clarté le génocide du peuple arménien par l’empire Ottoman » et que« le génocide arménien est un fait avéré selon l’opinion publique » !
Or, une fois de plus, Thévoz s’est fourvoyé : en effet, comme l’avait prédit Me Alain Marti dans sa réponse au politicard, en 2013 et 2015 dans l’affaire Perinçek c. Suisse à laquelle notre Fédération participa en qualité de tiers intervenant, puis, plus récemment en 2017 dans l’affaire Mercan et autres c. Suisse, des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) à Strasbourg, ont sonné comme une remise à l’ordre cinglante en condamnant par trois fois la Suisse.
Il ressort des jugements de la plus haute autorité judiciaire européenne, entre autres, de l’arrêt de la Grande chambre daté du 15 octobre 2015, ceci :
- Par ailleurs, la Cour estime, avec le requérant, que le ‟génocide” est une notion de droit bien définie. […] La Cour n’est pas convaincue que le ‟consensus général” auquel se sont référés les tribunaux suisses pour justifier la condamnation du requérant puisse porter sur ces points de droit très spécifiques.
- En tout état de cause, il est même douteux qu’il puisse y avoir un ‟consensus général”, en particulier scientifique, sur des événements tels que ceux qui sont en cause ici, étant donné que la recherche historique est par définition controversée et discutable et ne se prête guère à des conclusions définitives ou à des vérités objectives et absolues (voir, dans ce sens, l’arrêt no 235/2007 du Tribunal constitutionnel espagnol, paragraphes 38-40 ci-dessus). À cet égard, la présente espèce se distingue clairement des affaires qui portaient sur la négation des crimes de l’Holocauste (voir, par exemple, l’affaire Robert Faurisson c. France, tranchée par le Comité des droits de l’homme des Nations Unies le 8 novembre 1996, Communication no 550/1993, doc. CCPR/C/58/D/550/1993 (1996)). Premièrement, les requérants dans ces affaires avaient non pas contesté la simple qualification juridique d’un crime, mais nié des faits historiques, parfois très concrets, par exemple l’existence des chambres à gaz. Deuxièmement, les condamnations pour les crimes commis par le régime nazi, dont ces personnes niaient l’existence, avaient une base juridique claire, à savoir l’article 6, alinéa c), du Statut du Tribunal militaire international (de Nuremberg), annexé à l’Accord de Londres du 8 août 1945 (paragraphe 19 ci-dessus). Troisièmement, les faits historiques remis en cause par les intéressés avaient été jugés clairement établis par une juridiction internationale. »
Dès lors, dans un Etat libre, il n’appartient pas aux politiques, même animés des meilleures intentions, d’écrire l’Histoire, ni de se substituer à un tribunal. Les faits nous montrent qu’ils n’en ont pas la compétence. Aux Vanek, Zaugg, Thévoz et autres membres du « géno-club arménien » et de « la cause kurde » — entendez celle du PKK — nous leur suggérons qu’ils s’imposent une certaine humilité et qu’ils réalisent que le temps du colonialisme, du paternalisme et des leçons est dépassé !
Dans notre courrier du 9 mai 2019 aux députés du Grand Conseil genevois, nous avons expliqué en détail les raisons pour lesquelles nous estimons qu’une apostrophe comme cette résolution est contre-productive, voir répulsive. Dès lors, nous demandons à ce que cette résolution soit rejetée en commission.
Que ce soit pour la question arménienne ou kurde, nos membres et amis estiment que l’attitude démocratique saine consisterait à laisser les peuples se gérer souverainement et à ne plus s’ingérer dans leurs affaires qu’eux-mêmes ne souhaiteraient pas qu’on le fasse dans les leurs. Cela ne relève-t-il pas du bon sens ?
Les compétences de chacun doivent être revalorisées
afin que chacun puisse donner ce qu’il a de meilleur et recevoir en retour ce qu’il mérite.” !L’ironie de Sylvain Thévoz (PS) sur sa page d’accueil
Nous saurons d’ailleurs nous souvenir, lors des prochaines élections, des personnes et des partis qui auront traité par le mépris nos appels à la raison. Quand on prétend donner des leçons en matière de droits de l’homme, le minimum est de commencer par respecter la séparation des pouvoirs et la Constitution de son propre pays.