Bref regard sur les élections fédérales du 20 octobre
Les élections fédérales du dimanche 20 octobre 2019, surtout celles au National, auront été indéniablement marquées par une montée en puissance spectaculaire des Verts et, dans une certaine mesure, des Vert’libéraux qui incarnent la naissance d’une nouvelle force politique, en Suisse romande surtout.
Ces élections auront été, également, marquées par une érosion du taux de participation (44.5%) même si le triste score de 1995 (42.2%) n’a pas été atteint, et, si l’on est encore loin de la parité, par une progression de la représentation féminine qui passe de 32% en 2015, à 42%. C’est la progression la plus remarquable depuis l’introduction du suffrage féminin en 1971.
Comparé à la répartition des mandats au Conseil national en 2015, l’UDC perd 12 sièges, le PS 4, le PLR 4, Le PDC 4. Les Verts ainsi que les Vert’libéraux gagnent eux respectivement 17 et 9 sièges.
Vu d’ensemble sur les élections fédérales au Conseil national 2019
(infographies tirées de l’Office fédéral de la statistique)
Rappel de nos recommendations précédentes
Pour l’élection du 20 octobre, nous avions formulé, dans un article précèdent, quelques recommendations de votes qui avaient fait l’objet d’une Newsletter distribuée à nos sympathisants, membres individuels et associatifs.
Pour y revenir, nous constatons avec satisfaction que certains de nos amis ont été élus au Conseil national. Il s’agit de :
pour le PLR (Vaud)
- Isabelle Moret (48 664 voix)
- Olivier Français (50 328 voix), candidat pour le second tour au Conseil des Etats
pour l’UDC (Genève)
- Yves Nidegger (15 398 voix)
Nous regrettons que les PLR Murat Julien Alder (Genève, 31 441 voix) et Laurent Wehrli (Vaud, 40 339 voix), Syndic de Montreux, membre du Groupe parlementaire Suisse- Turquie, n’aient pas pu être élus. A noter que Laurent Wehrli, qui rate de peu sa réélection, peut néanmoins sauver son siège pour autant qu’Olivier Français soit élu aux Etats. N’oublions pas Eric Bertinat (UDC Genève, 11 939 voix) et le Vert Pascal Gemperli (Vaud, 24 146 voix) qui ont fait des scores tout à fait acceptables. Ce n’est que partie remise.
Nous avions demandé de biffer certains candidats : Isabelle Pasquier (Verts, Genève), Christian Zaugg (EàG – solidaritéS DAL, Genève), Jean Batou ((EàG – solidaritéS DAL, Genève) et Pierre Vanek (EàG – solidaritéS DAL, Genève), tous co-signataires du projet de résolution R-879, n’ont pas été élus. En revanche, force est de constater que Christian Dandrès (PS Genève), également un des promoteurs de cette résolution, siégera à Berne. Espérons que ses nouvelles responsabilités contribuerons à une lecture moins partisane des sujets traitant de la Turquie.
Acte II : nos recommendations pour le second tour des élections au Conseil des Etats du 10 novembre 2019
PLR (Vaud)
- Olivier Français, ingénieur civil, élu au Conseil national et candidat aux Etats, Président du Festival International du Film Alpin des Diablerets et de la Société du Tunnel du Grand-St-Bernard. A maintes fois, nous avons eu l’occasion d’interagir avec Olivier Français, que nous considérons comme un interlocuteur privilégié, toujours disposé à écouter nos préoccupations et revendications. Olivier Français (troisième lors du premier tour avec 53 049 suffrages) sera opposé au duo rose-vert, composé d’Ada Marra (PS) et d’Adèle Thorens (Verts), qui, avec 72 416 voix, a terminé largement en tête.
PLR (Genève)
- Hugues Hiltpold, architecte, ancien Conseiller national et candidat aux Conseil des Etats, avec qui nous avions, peu de temps avant le premier tour des élections aux Etats, eu le loisir de discuter, à bâton rompu, de sujets chers aux Suisses d’origine turque. Le candidat PLR, avec 23 424 voix, arrive troisième à la course aux Etats. Nul doute qu’il a fait les frais de l’affaire Maudet, doublé d’un manque d’engagement, voir d’un abstentionnisme de la droite, et probablement d’un report d’un certain nombre de voix au profit des Vert’libéraux. Encore méconnu de notre communauté, Hugues Hiltpold mérite toute notre confiance. Soutenons-le !
PS (Genève)
Candidats à biffer :
- Carlo Sommaruga, ancien Conseiller national et candidat au Conseil des Etats n’est pas un inconnu pour les Turcs de Suisse. Membre actif du « géno-club » arménien, il se présente comme un grand spécialiste de l’histoire ottomane, particulièrement de celle relative aux événements survenus dans l’Empire ottoman en 1915. L’ayant interrogé, lors d’une réunion au siège du PS dans le cadre des élections genevoises de mars 2011, sur la question arménienne, il nous avait avoué, n’avoir lu aucun ouvrage sur la question de 1915 ! Sommaruga est également connu pour son soutien envers les sympathisants du « Parti des travailleurs du Kurdistan » (PKK) – groupe terroriste reconnue en tant que tel, entre autres, par l’UE, les Etats-Unis – n’hésitant d’ailleurs pas à s’afficher, ici et là, sous des banderoles arborant la figure d’Abdullah Öcalan, le chef historique du PKK.
Rappelons également que Sommaruga a fait l’objet d’une enquête pour diffamation à l’encontre de l’historien français Maxime Gauin, spécialiste de l’histoire ottomane tardive, qui avait porté plainte à Paris, à la suite d’un tweet ignominieux daté du 5 juin 2016. Il n’a été sauvé que par sa nationalité et son immunité parlementaire : sachant que toutes poursuites des autorités judiciaires françaises seraient vaines – la justice française ne pouvant le contraindre à se rendre à Paris – l’individu n’a jamais daigné répondre au courriel de la police parisienne !
Porté par la vague verte, en tandem avec sa colistière la Verte Lisa Mazzone (avec un excellent score de 41 757 voix), Carlo Sommaruga (38 344 vois) a de bonnes chances de se voir propulser au Conseil des Etats. Mais la messe n’est pas encore dite !
En guise de conclusion
Les dernières élections municipales en Turquie ont démontré que la démocratie y est vivace et que les Turcs y sont très attachés. Pour ceux d’entre nous qui ont la chance de voter en Suisse, nous nous devons montrer la même résilience : ici ou ailleurs, chaque voix est cruciale et il est impératif de se déplacer aux urnes pour éviter que les indécis le disputent aux abstentionnistes.
Pour certains, voter est un devoir moral, pour d’autres, voter est un droit et non un devoir. Enfin, pour certains, voter n’est ni un droit ni un devoir, c’est un calcul, l’enjeu n’étant pas tant de choisir un élu ou de faire valoir ses convictions, que de réaliser un choix pragmatique, qui défende des intérêts bien compris, en « votant utile », par exemple.
Alors, quelque soit votre philosophie, …n’oubliez pas de voter !