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Alors qu’un recours est pendant devant le Tribunal fédéral et après un combat de plus de dix ans, le très controversé monument arménien de Genève, sera finalement inauguré aujourd’hui 13 avril 2018 au parc Trembley. Cette inauguration, initialement prévue le 24 avril 2009, n’aura fait l’unanimité que sur un point : partout où elle avait été envisagée à Genève, elle s’est heurtée à l’opposition des riverains.
Au final, ce monument pompeusement dénommé “les Réverbères de la mémoire”, aura servi à porter une ombre sur la Genève internationale et à mettre le vivre-ensemble, si cher à notre ville et auquel nous sommes attachés, en péril.
Au regard des jugements de la Cour européenne des droits de l’Homme, qui a vu la Suisse être condamnée par trois fois (arrêt du 17 décembre 2013 puis jugement définitif de la Grande chambre du 15 octobre 2015 auquel nous nous étions d’ailleurs associés en tant que tiers intervenant, et enfin par l’arrêt Mercan et autres c. Suisse, du 27 novembre 2017), cette construction est également perçue comme un affront au Droit. Elle est aussi l’expression du mépris qu’ont les autorités municipales pour les souffrances des autres ; c’est à dire, les quelques 518 000 Turcs, Kurdes, Circassiens (compilations des rapports étrangers et ottomans collectés sur les massacres perpétrés par les Arméniens — archives d’État de la Présidence de la République de Turquie, volumes 49 et 50) et les 10-13 000 Juifs d’Anatolie et du Caucase massacrés par les unités Arméniennes.
Pire, la Ville de Genève, au travers des Réverbères de la mémoire – mémoire toute sélective – apporte une justification à posteriori, au terrorisme arménien qui avait, à maintes reprises, ensanglanté la Suisse et Genève en particulier (le lecteur avertit de la Tribune de Genève comprendra aisément que, en plus des victimes oubliées, c’est également à cette réalité que fait référence le graphisme de notre encart).
Mais lorsque l’on rappelle ces évidences à certains Conseillers administratifs – Sami Kanaan pour ne mentionner que lui – leurs réactions se limitent à un regard …“bovino-ferroviaire” !
Sami Kanaan, lors d’un de nos rendez-vous et suite à notre question de savoir si oui ou non une demande d’autorisation pour l’érection du monument arménien dans le parc de l’Ariana avait été déposée, nous avait sciemment menti : alors qu’il avait réfuté une telle possibilité lors de notre entrevue, nous apprenions par la presse, le lendemain, qu’une autorisation avait bel et bien été déposée par la Ville de Genève !
Et surtout, le politicailleur nous avait confirmé qu’en aucun cas, le mémorial comporterait une plaque commémorative mentionnant le mot ” génocide “. D’ailleurs, Kanaan avait fait mention de cette “promesse” dans l’émission Forum de la RTS du 29 juin 2013 ayant pour sujet, entre autres, le profond mécontentement de l’ONU sur le choix de l’emplacement du monument.
De toute évidence, cette promesse n’était qu’une méprisable tromperie venant d’un politicien sans vergogne.
On l’aura compris, l’action de la Ville de Genève s’inscrit bien dans ce qu’il convient d’appeler un « éthocide arménien » (du grec ethos « la science morale » soit l’éthique, et du latin cida (« frapper, tuer ») !
Or, l’éthocide est un crime de conscience et sa sanction, si jugée par un tribunal compétent, est la disgrâce publique et la honte.
Et c’est de ce « crime » qu’est responsable la Ville de Genève !