
Avant-propos
S’exprimant le 5 février 2019 à l’occasion du dîner annuel du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF), le président de la République française, Emmanuel Macron, annonçait que le 24 avril (date qui commémore l’arrestation des membres des comités révolutionnaires arméniens le 24 avril 1915 à Istanbul) deviendra une « journée nationale de commémoration du génocide arménien ». Cet effet de manche – pour ne pas dire « cette friandise » – était attendu par les nationalistes arméniens depuis quelques temps déjà. Par ce geste, M. Macron a ainsi honoré une promesse faite à la communauté arménienne de France lors de sa campagne présidentielle.
Dans son emportement, le chef de l’État ira jusqu’à endosser l’habit d’historien en déclarant que « La France, c’est d’abord et avant tout ce pays qui sait regarder l’Histoire en face » ! Celle des autres bien sûr, car il n’est pas question pour M. Macron de mettre en avant le rôle historique et peu glorieux de certains crimes commis au nom de la colonisation ou de l’œuvre civilisatrice de la France, que ce soit en Indochine, en Algérie ou encore au Rwanda.
Il conviendrait ici de se remémorer que le Conseil constitutionnel français a, par le passé, invalidé des projets de loi mémorielle et liberticide sur le « génocide arménien », rappelant aux politiciens — comme l’a fait d’ailleurs la Cour des droits de l’homme à Strasbourg dans l’affaire Perinçek c. Suisse (voir la récente lettre ouverte du Dr. Perinçek à M. Macron) — qu’ils ne peuvent ni ne doivent se constituer en tribunal de l’Histoire. La Constitution française n’a pas donné compétence aux politiciens pour dire l’Histoire : c’est aux historiens et à eux seuls qu’il appartient de le faire comme l’avait rappelé l’académicien et l’historien Pierre Nora, entre autres, lors de son intervention sur les ondes de France Inter du 12 octobre 2011, où il y déclarait notamment que « l’affaire arménienne n’est pas univoque » et que « les Arméniens ne sont pas seulement les victimes » (à écouter dès 03:20 minutes).
L’ Histoire ne doit pas être l’esclave de l’actualité
ni s’écrire sous la dictée de mémoires concurrentes.
Dans un État libre, il n’appartient à aucune autorité politique de définir la vérité historique ».Pierre Nora
membre de l’Académie française et président de Liberté pour l’Histoire.
Partant de ce principe, nous avons souhaité, après le discours déconcertant d’Emmanuel Macron devant les nationalistes arméniens de France, donner la parole à un historien, de surcroît français, en la personne de M. Maxime Gauin.
M. Gauin qui a obtenu son B.A. en histoire de l’université Bordeaux-III en 2005, un M.A. en histoire contemporaine de l’université Paris-I-Sorbonne et de l’École normale supérieure de Lyon en 2010 fut, successivement, chercheur à l’Organisation internationale de recherche stratégique (USAK) puis au Center for Eurasian Studies (AVIM). En décembre de cette année, il achèvera sa thèse de doctorat en histoire contemporaine, sur les relations entre la République française et les organisations nationalistes arméniennes, de 1918 à 1923.
M. Gauin, spécialiste de l’histoire ottomane tardive, est l’auteur d’une série d’articles (dont plusieurs ont paru dans des revues universitaires) sur cet épineux sujet. Nous recommandons en particulier : « Review Essay — ‘Proving’ a ‘Crime against Humanity’ ? », Journal of Muslim Minority Affairs, XXXV-1, mars 2015, pp. 141-157, dont une version française est disponible en ligne ; et « A Reply to Vahagn Avedian », European Journal of International Law, XXIII-3, août 2012, pp. 821-835 — revue publiée par les Presses universitaires d’Oxford — (coécrit avec Pulat Tacar, diplomate, chercheur et écrivain).
L’historien français collabore également régulièrement à différents quotidiens tels que Haaretz, The Jerusalem Post, Hürriyet Daily News, Daily Sabah et Cumhuriyet.
L’analyse de Maxime Gauin :
Le discours prononcé par le président de la République française, Emmanuel Macron, devant le Conseil de coordination des associations arméniennes de France (CCAF) le 5 février 2019, appelle un certain nombre de commentaires.
1. Le choix même de s’exprimer devant le CCAF
Il semble que la police et la justice française aient perdu la mémoire, ou que l’information n’y circule plus aussi bien qu’autrefois. En effet, le CCAF est dirigé par deux coprésidents, Franck « Mourad » Papazian et Jean-Marc « Ara » Toranian. M. Papazian s’est vanté d’avoir participé, en janvier 1982, à la foule (deux mille participants, selon les organisateurs) qui menaçait de lyncher les jurés et magistrats jugeant Max Hraïr Kilndjian, arrêté dans sa Provence natale deux ans plus tôt pour avoir tenté d’assassiner, à Berne, l’ambassadeur de Turquie en Suisse. Ne disposant pas d’un dispositif policier suffisant pour contenir ladite foule, la cour a condamné le sieur Kilndjian à deux ans de prison pour complicité (le temps passé en détention préventive). Voici les termes employés par M. Papazian dans Haïastan de février 1982, p. 14 :
« Cette foule qui, pendant deux heures, a crié, a chanté, cette foule qui, pendant deux jours a soutenu Hraïr [Kilndjian], cette foule consciente, concernée, passionnée, cette foule qui a su quand il fallait crier [sic], chanter ou garder le silence, a sûrement influencé la décision du jury. […]
Non Hraïr ne devait plus rester en prison. C’en était assez, c’était même trop. Et puis cette foule, non pas excitée mais convaincue, quelle allait être sa réaction [en cas de condamnation supérieure à deux ans] ? Mieux vaut ne pas y penser. »
Quand on lui met de nos jours ce texte sous les yeux, M. Papazian dénie le caractère menaçant de la foule, mais sans apporter la moindre explication sur les mots : « Mieux vaut ne pas y penser. »
Quoi qu’il en soit, il a pris la présidence (pour l’Europe occidentale) de son parti, la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA-Dachnak). Or, ce parti continue de commémorer des attentats, par exemple l’attentat-suicide contre l’ambassade de Turquie à Lisbonne, perpétré le 27 juillet 1983 par la branche terroriste entretenue par la FRA-Dachnak entre 1972 et 1986.
Quant à M. Toranian, il a été le chef de la branche politique de l’ASALA en France [1]. Même après sa rupture avec Hagop Hagopian, chef tout court de l’ASALA, en août 1983, il a manifesté un soutien sans faille aux trois terroristes condamnés aux assises pour l’attentat d’Orly (15 juillet 1983 : huit morts). Voici en particulier sa réaction au verdict prononcé par la cour d’assises de Créteil dans cette affaire (Hay Baykar, 11 mars 1985) :
« Un militant arménien vient d’être condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Ainsi la montée de la répression anti-arménienne que nous dénonçons inlassablement depuis des mois aura atteint, le dimanche 3 mars, à 3 heures du matin, son point culminant.
[…]
Ce scénario s’est reproduit avec Soner Nayir, lui aussi désigné à la vindicte publique au moment de son arrestation comme l’auteur de l’attentat d’Orly. […] Quant à Ohannès Semerci, simple porteur de valise, il aura lui aussi été sacrifié au nom à la fois que de la responsabilité collective, de la psychose antiterroriste gagnant actuellement le pays et sur l’autel du rapprochement franco-turc.
Ces trois condamnations constituent un nouveau coup porté à la cause arménienne. »
Beaucoup plus récemment, en juin 2013, M. Toranian a consacré un dossier de son mensuel Les Nouvelles d’Arménie magazine à Monte Melkonian, numéro 2 de l’ASALA de 1980 à 1983 (c’est-à-dire au moment de l’attentat de la gare Cornavin qui a coûté la vie à un jeune Suisse [2], assassin de Galip Özmen, attaché à l’ambassade de Turquie en Grèce, et de sa fille de quatorze ans, Neslihan Özmen, en 1980 [3].
Aujourd’hui, MM. Papazian et Toranian ne représentent plus que quelques centaines d’extrémistes vieillissants, appartenant en majorité au troisième âge, si ce n’est au quatrième (on l’a vu lors du procès Gauin c. Toranian et Tilbian en première instance, le 17 octobre 2017, et celui en appel, le 21 février 2019). Pourquoi s’exprimer devant eux ? Comment, après cela, dire qu’il faut lutter contre le terrorisme et ceux qui en font l’apologie ? Y aurait-il des circonstances atténuantes aux partisans des attentats, dès lors que ceux-ci fréquentent une église plutôt qu’une mosquée ?
2. Les aspects positifs du discours
Macron a refusé de s’ingérer dans la politique intérieure turque : espérons qu’il appliquera toujours ce sage principe. Il a également refusé de reconnaître la République autoproclamée du Haut-Karabakh (ndlr : région de l’Azerbaidjan mais occupée par les forces armées arméniennes depuis 1992, suite à un conflit sanglant qui fit près d’un million de victimes). Des sauvages dans l’assistance se sont permis, en conséquence, de huer le chef de l’État français. Il est dès lors permis de se demander comment un second discours devant des personnes aussi dépourvues de bonnes manières serait seulement envisageable.
3. La décision de commémorer le « génocide arménien »
La France souffre, et cela ne date pas, tant s’en faut, de l’élection de M. Macron, d’une fièvre de commémorations. Alors que cette fièvre, généralement communautariste, lasse de plus en plus de Français, et que M. Macron a été élu pour renouveler une vie politique qui en avait bien besoin, cette annonce est une déception, à tous points de vue. C’est d’autant plus déplacé que la France était tiers intervenant aussi dans l’affaire Perinçek c. Suisse à la Cour des droits de l’homme à Strasbourg (avec, il est vrai, un texte aussi court qu’indigent). Elle fait donc partie des perdants. Or, l’arrêt confirmatif explique, notamment (§ 271) :
« De ce fait, on ne sait pas vraiment si le requérant a été sanctionné pour avoir récusé la qualification juridique donnée aux événements survenus en 1915 et les années suivantes ou pour s’être montré en désaccord avec les vues prédominantes sur cette question dans la société suisse. Dans le second cas, force est de constater que sa condamnation ne serait pas compatible avec la possibilité, dans une “société démocratique”, de formuler des opinions s’écartant de celles des autorités ou de celles de n’importe quelle partie de la population. »
C’est exactement le même raisonnement que le Conseil constitutionnel français :
« 6. Considérant qu’une disposition législative ayant pour objet de “reconnaître” un crime de génocide ne saurait, en elle-même, être revêtue de la portée normative qui s’attache à la loi ; que, toutefois, l’article 1er de la loi déférée réprime la contestation ou la minimisation de l’existence d’un ou plusieurs crimes de génocide “reconnus comme tels par la loi française” ; qu’en réprimant ainsi la contestation de l’existence et de la qualification juridique de crimes qu’il aurait lui-même reconnus et qualifiés comme tels, le législateur a porté une atteinte inconstitutionnelle à l’exercice de la liberté d’expression et de communication ; que, dès lors, et sans qu’il soit besoin d’examiner les autres griefs, l’article 1er de la loi déférée doit être déclaré contraire à la Constitution ; que son article 2, qui n’en est pas séparable, doit être également déclaré contraire à la Constitution [4], »
Dès lors, imposer une telle commémoration ressemble à un moyen peu subtil de faire par le discours public ce qu’on ne peut pas faire par la loi répressive : intimider la recherche historique, restreindre la liberté d’expression. Or, notre compatriote Odile Moreau, maître de conférences habilitée à diriger des recherches à l’université Paul-Valéry de Montpellier, spécialiste d’histoire ottomane, observe : « Aucune preuve dans les documents ottomans ne démontre l’implication du gouvernement ottoman dans les massacres [5]. »
Avant elle, Gilles Veinstein, professeur d’histoire ottomane au Collège de France, arrivait à la même conclusion : « Il faut pourtant admettre qu’on ne dispose pas jusqu’à présent de preuve de cette implication gouvernementale. Les documents produits par les Arméniens, des ordres de Talat Pacha, ministre de l’Intérieur, et d’autres hauts officiels ottomans ordonnant explicitement le massacre des hommes, des femmes, et des enfants arméniens, désignés comme “documents Andonian”, du nom de leur éditeur, n’étaient que des faux, comme la critique historique l’a prouvé par la suite [6]. » C’était aussi la conclusion de Bernard Lewis, le plus grand spécialiste mondial du monde musulman, professeur à l’université de Londres, puis à celle de Princeton : « il n’existe aucune preuve sérieuse d’une décision et d’un plan du gouvernement ottoman visant à exterminer la nation arménienne [7]. »
De nos jours, c’est également celle d’Edward J. Erickson [8], qui fut professeur d’histoire à la Marine Corps University jusqu’à son départ à la retraite, en 2017. À la fin de la présente année, le grand éditeur londonien Bloomsbury publiera un ouvrage collectif sur la contre-insurrection dans l’histoire, dirigé par M. Erickson, où j’ai eu l’honneur d’écrire le chapitre sur les Arméniens ottomans. Les citations pourraient être multipliées, la majorité des historiens spécialistes récusant la thèse d’une organisation des massacres par l’État ottoman.
La logique de la vérité d’État, sans verdict d’un tribunal international et en appliquant, de façon aussi rétroactive qu’arbitraire, une convention — celle de la Convention de l’ONU sur la prévention et répression du crime de génocide — signée par notre pays en 1948, n’est pas digne de la France que la Suisse comme la Turquie ont eu comme référence dans le passé. Ce n’est pas digne non plus d’un pays qui a eu à connaître directement les crimes du nationalisme arménien, notamment durant son occupation de Çukurova (« Cilicie ») :
« En ville, ce sont tous les jours des meurtres isolés, des pillages et des paniques. Il faut le reconnaître, les Arméniens, puisant du courage dans le fait de notre présence, sont le plus souvent les provocateurs, et depuis quelques semaines que dure la situation, la correction est du côté des Turcs. Au surplus, il n’y aura bientôt plus de Turcs dans Adana ; menacés chaque jour de pillage et d’égorgement, ils s’en vont les uns après les autres. Il y a certainement de la part des Arméniens une manœuvre, tenter de forcer la main à la Conférence de la paix, et en toute éventualité, rester maîtres de la ville. Mais si nous évacuons, ils n’en seront pas longtemps maîtres, et pour parler comme nos poilus, ils prendront quelque chose ; franchement, ils l’auront un peu cherché [9]. »
« En tout cas, depuis trois semaines, certains des Arméniens d’Adana ou réfugiés à Adana se sont déshonorés par leurs crimes, pillages, incendies, meurtres commis dans des conditions de cruauté particulièrement odieuses. On a transporté à l’hôpital le cadavre d’une femme turque qui avait été atrocement mutilée. Des disparitions mystérieuses ont été constatées ; les puits ont leurs secrets [10]. »
C’est ce genre de faits qui explique la dissolution de la Légion arménienne, à l’été 1920, après de vaines tentatives de purges, le rappel à Paris, en septembre 1920, du colonel Édouard Brémond, trop aveuglé par les nationalistes arméniens [11], puis la signature de la paix avec la Turquie kémaliste (octobre 1921), suivie par la fourniture d’armes à Ankara, y compris des avions (novembre 1921-avril 1922 [12]. Le gouvernement qui signa cette paix était un cabinet d’union nationale, dirigé par un ancien socialiste, Aristide Briand, formé par des personnes venant de la gauche, de la droite et du centre (Louis Barthou par exemple).
La Turquie n’a rien à cacher. Ses archives civiles et militaires sont disponibles, même à ceux qui l’accusent de « génocide ». Celles des partis nationalistes arméniens (de la Fédération révolutionnaire arménienne à Watertown, Massachusetts, du Hintchak à Los Angeles, du Ramkavar à Paris) ne le sont pas [13] ! Pour avoir défendu la qualification de « génocide arménien » d’une façon insuffisamment antiturque aux yeux des autorités d’Erevan, l’anthropologue kurde Yektan Türkyılmaz, qui travaillait aux archives nationales arméniennes, a été arrêté puis expulsé, la majorité de ses disques contenant les photographies de documents ont été saisis [14]. Même le dernier volume des Mémoires de Rouben Ter Minassian, ministre de l’Intérieur arménien en 1920, consacré à la politique de purification ethnique menée à son instigation contre les Turciques et autres musulmans et d’Arménie, est quasi impossible à se procurer.
Dans une note diplomatique du 20 juillet 1920 adressée à Alexandre Millerand, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, le Comte Damien de Martel de Janville, haut-commissaire français au Caucase, décrivait ainsi cette purification ethnique :
« En ce qui concerne ces opérations [militaires], j’ai recueilli de témoins récemment rentrés d’Arménie quelques renseignements qui précisent la façon dont elles sont exécutées : au sud d’Erivan, à la fin de juin dernier, les troupes arméniennes ont cerné 25 villages tatares habités par plus de 40 000 musulmans. Cette population trop près de la capitale pour avoir des velléités d’indépendance, avait toujours été calme et paisible ; elle fut chassée à coups de canon vers l’Arax et dut abandonner ses villages, qui furent immédiatement occupés par les réfugiés. Dans cette affaire, environ 4 000 personnes furent mises à mort, sans en excepter les femmes et les enfants, que les soldats arméniens noyaient dans l’Arax.
Il ne m’a pas paru inutile de rapporter ces détails qui montrent que ce ne sont pas toujours “les mêmes qui sont massacrés.” »
Et ce n’est là qu’un épisode de juin 1920 !
S’agissant plus particulièrement de 1915, dans sa publication semi-officielle, le commandant Maurice Larcher, qui parlait le turc et avait vécu cette époque, concluait, comme beaucoup d’historiens actuels, que la décision de déplacer de force fut une décision militaire, répondant à des considérations militaires (priver les insurgés de leurs soutiens dans la population civile) [15].
Deux ministres français des Affaires étrangères, Roland Dumas en janvier 1986, Alain Juppé en novembre 2011, ont émis le vœu que la France accueille, ne serait-ce que pour les premières séances, une commission d’historiens. Le 8 mars 2005, reprenant de manière plus précise et plus ferme une idée formulée par son prédécesseur Bülent Ecevit dès 1978, Recep Tayyip Erdoğan, alors Premier ministre, a proposé la constitution d’une telle commission, avec l’appui du Parti républicain du peuple (CHP, opposition) [16]. M. Erdoğan a répété, à plusieurs reprises, y compris dans les années 2010, que sa proposition était toujours valable. Erevan n’a même pas daigné ouvrir ses archives nationales — alors même que s’y trouvent les documents de l’administration arménienne autonome créée par la Russie à Van en 1915 [17] et supprimée l’année suivante, à la suite des crimes répétés des volontaires arméniens de l’armée russe [18].
Après avoir signé, en octobre 2009, des protocoles bilatéraux qui prévoyaient une telle commission (les Protocoles de Zurich), le gouvernement arménien est revenu sur sa signature, puis s’est purement et simplement retiré des protocoles en février 2015, par refus d’affronter la vérité [19] !
Maxime Gauin
Historien
Références :
[1] « Le MNA, bras politique de l’ASALA, consolide ses assises en France et son porte-parole, Ara Toranian, devient un interlocuteur du nouveau gouvernement. » (Gaïdz Minassian, Guerre et terrorisme arméniens, Paris, Presses universitaires de France, 2002, p. 65).
[2] Armand Gaspard (Gasparian), Le Combat arménien, entre terrorisme et utopie. 1923-1983, Lausanne, L’Âge d’homme, 1984, p. 72.
[3] Markar Melkonian, My Brother’s Road, Londres-New York, I. B. Tauris, 2004, p. 84. L’auteur, frère du terroriste, comme le titre de l’indique, tente de convaincre ses lecteurs que Monte Melkonian a tué l’enfant par inadvertance, une hypothèse plus qu’improbable : quand un terroriste suit sa future victime, il connaît ses habitudes, ici celle d’emmener sa famille avec lui dans sa voiture.
[4] Décision n° 2012-647 DC du 28 février 2012.
[5] Odile Moreau, La Turquie dans la Grande guerre. De l’Empire ottoman à la République de Turquie, Paris, SOTECA/Belin, 2016, p. 209.
[6] Gilles Veinstein, « Trois questions sur un massacre », L’Histoire, avril 1995, p. 41.
[7] « Les explications de Bernard Lewis », Le Monde, 1er janvier 1994.
[8] Edward J. Erickson, Ottomans and Armenians. A Study in Counter-Insurgency, New York-Londres, Palgrave MacMillan, 2013.
[9] Paul Bernard (responsable des finances à l’administration française d’Adana), Six mois en Cilicie, Aix-en-Provence, éditions du Feu, 1929 (texte du journal tenu en 1920 par l’auteur), entrée 4 juillet 1920, pp. 59-60.
[10] Ibid., entrée 31 juillet 1920, pp. 82-83.
[11] Note de M. [Charles] Escande, mars 1921, Archives du ministère des Affaires étrangères, La Courneuve, P 16675.
[12] Commission de l’armée, séance du mercredi 1er février 1922, Archives du Sénat, Paris, 6 S 69 ; Anne Hogenhuis, Corine Defrance, Geneviève Bibes et Jérôme de Lespinois, « Le retour de Briand aux affaires en 1921. Qu’apporte la récente publication de documents ? », dans Jacques Bariéty (dir.), Aristide Briand, la Société des nations, et l’Europe. 1919-1932, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2007, pp. 49-51.
[13] Yücel Güçlü, Historical Archives and the Historians’ Commission to Investigate the Armenian Events of 1915, Lanham, University Press of America, 2015, pp. 55-128.
[14] “The Strange Case of Yektan Turkyilmaz”, Duke Magazine, novembre-décembre 2005.
[15] Maurice Larcher, La Guerre turque dans la guerre mondiale, Paris, Chiron, 1926, p. 295.
[16] Yücel Güçlü, Historical archives and the historians’ Commission to investigate the Armenian events of 1915, Lanham, Maryland: University Press of America, 2015, pp. 187-193.
[17] Richard G. Hovannisian, The Armenian Holocaust. A Bibliography Relating to the Deportations, Massacres, and Dispersion of the Armenian People, 1915-1923, Cambridge (Massachusetts), Armenian Heritage Press, 1980, p. 2.
[18] Richard G. Hovannisian, « The Allies and Armenia, 1915-18 », Journal of Contemporary History, III-1, janvier 1968, pp. 163-164 ; Grace Knapp, The Tragedy of Bitlis, New York-Chicago-Londres-Édimbourg: Flemming H. Revell C°, 1919, p. 146; Arnold Talbot Wilson, Loyalties: Mesopotamia. A Personal and Historical Record, volume II, 1917-1920, London: Oxford University Press, 1930, pp. 31-32.
[19] Yücel Güçlü, Historical archives and the historians’ Commission to investigate the Armenian events of 1915, Lanham, Maryland: University Press of America, 2015, pp. 221-243.